•  FenrirInaugural

    Inaugural

     

     

    Niolen, grand amateur d'Aéronef, constructeur de maquette à ses heures perdues, était chef de chantier pour zeppelin nationaux. Mais surtout, Niolen était l'homme de Kalys, professeure et tout aussi passionnée pour les engins volant. Tout deux s'étaient rencontrés lors d'une conférence sur cette nouvelle découverte qu'était le Valiôm. Le flirte avait duré un petit peu, un petit peu plus et puis définitivement. Quelques années plus tard, Fenrir, arriva et grandit. Les années passèrent, la vie de famille prenait toute la place et Fenrir passait son temps à lorgner par-dessus le plan de travail de son père et sur ses maquettes volantes.

     

    A six ans, la gamine créa son premier engin volant en bois léger grâce au Valiôm … Le design était particulièrement moche mais ça volait ! La fillette avait passé cette journée ensoleillée à sauter partout, elle était fière comme un paon.

     

    Niolen et Kalys étaient des membres du groupe très fermé Aérotylus. Groupe qui était le représentant officieux des dernières créations en terme de Zeppelin ou autre engin volant. Il était de bon ton d'avoir une bonne critique d'Aérotylus dans le journal du matin dirons nous. Le groupe était très prisé et les membres assistaient régulièrement aux inaugurations et premiers vols des nouveaux Aéronefs trouvables sur le marché.

     

    Aussi, lors de la septième année de Fenrir, un nouveau dirigeable dit « révolutionnaire » vit le jour. Révolutionnaire, car un élément avait été créé dans une matière totalement innovante. Toutes les vis avaient été taillées dans une pierre poreuse verte appelée l'Algae. Très légère et on ne peut plus résistante, elle avait été utilisée pour la première fois sur le Celsior. Cet immense aéronef noir aux chatoyant reflets vert. Pour une question de design, les concepteurs avaient laissé les vis apparentent.

     

    Alors, en un beau jour de printemps, la petite famille reçue une invitation pour le vole inaugural du Celsior. Les deux adultes, surexcités à l'idée de sillonner les cieux à bord de l'engin volant le plus évolué de tous les temps, avaient attendu ladite date avec une impatience non feinte. Lorsque le jour J arriva, une immense foule était attroupée dans un champ brûlé par le soleil. Au loin, l'Aéronef plongeait dans l'ombre les quelques soixante personnes qui avaient été conviées à cette inauguration. Dans cette foule qui attendait pour grimper à bord, des enfants, que la jeune Fenrir rejoignit, s'amusaient entre eux.

     

    Une fois à bord, les invités se mirent à trinquer et le Celsior s'éleva. Fenrir en profita pour s’éclipser et participer à un cache-cache géant dans le Zeppelin avec ses nouveaux amis. La gamine était de ceux qu'on cherchait, alors, connaissant les structures des dirigeables grâce aux maquettes de son père, elle se cacha dans l'armature, sur les grandes poutres de métal qui séparaient le pont de la toile. Baignée depuis sa plus tendre enfance dans la construction aérienne, la gamine ne put que s’émerveiller devant les vis alors à porté de main. La couleur verte était si pure et brillante que Fenrir ne put s'empêcher de la toucher. Quand on savait que c'était de la pierre... La technologie avait atteint un point plus qu'élevé. La gamine était subjuguée. La journée était très agréable.

     

    Soudain, un bruit sourd retentit et une vague de chaleur lui souffla dans le dos. La gravité s'inversa, Fenrir commença à se décrocher de son perchoir de métal. Le Celsior chutait. Les hurlements se firent entendre. La toile se déchirait. La pression montait. Le sol se rapprochait et le sol arriva. Les cris furent remplacés par un crépitement. Le feu était partout et la vie nulle part. L'aéronef s'était crashé dans un champs et avait jeté dans tout les sens des débris enflammés.

     

    Seul le bruit des flammes pouvaient être entendu. Les morts ne parlent pas. Et Fenrir, tellement hébétée, ne pouvait rien dire. Allongée dans l'herbe, son regard balaya l'assemblée morbide. Des corps glacés dans des positions improbables, tordues. Des visages figés dans des rictus effroyables. Le sang qui maculait les herbes dessinait des formes invraisemblables.

     

    Comme un automate, l'enfant se releva. Elle n'avait rien … Absolument rien, pas même une coupure, une blessure, une brûlure. Rien. En déambulant dans le champ elle retrouva ses camarades de jeux, ridiculement inertes. Elle croisa des regards vides, reconnu des visages statufiés. Et là, elle les vit. Ses parents ou ce qu'il en restait. Les flammes mangeaient les cheveux de Kalys et Niolen, qui gisait pas loin, était transpercé par une des belles poutres apparentes du zeppelin.

     

    A la vue de cette sinistre scène, Fenrir se laissa tomber à genoux et regarda, au travers de ses yeux embués de larmes, la pureté du feu envoyer les âmes de ses parents à ces cieux qu'ils avaient tant vénérés. Tout autour d'elle, les vis vertes brillaient à la lueur des flammes.

     

    Les secours arrivèrent mais il n'y avait plus rien à sauver. Il n'y avait plus qu'une gamine au milieu de cadavres incandescents. Miraculée ou Maudite. Sa ville la classa dans la seconde catégorie.

     

    Le lendemain on ne parlait plus que de ce dirigeable qui est mort avant de vivre. Le Celsior qui était tombé durant son premier vol et avait tué tout le monde sauf une gamine de sept ans. Les rumeurs avaient fait leurs chemins. Fenrir était devenu le démon qui avait précipité l'aéronef dans la mort. Seule survivante, elle était cible facile pour tout ceux que cet incident avait touché. Alors, ne pouvant plus supporter les regards, elle avait quitté la ville pour s'installer dans cette grange, à l'écart du monde. Elle ne retrouva la civilisation que plus tard, en allant dans l'école de la ville voisine, celle où sa mère l'avait inscrite. L'Algae ne fut plus jamais utilisé en mécanique depuis lors.


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