• Carter, Chroniqueur et Pirate de l'Air


    Letter to my dear Ariane ~ Portrait de Carter O'Warren

    Musique d'accompagnement

           "A toi Ariane, mon amour, ma vie et mon soleil, je dédie ce voyage et ces quelques lignes pitoyables pour te dire combien je t'aime, même si tu n'es pas à mes côtés dans ce ciel baigné par les lumières flamboyantes du jour mourant..."
     

           Carter avait toujours aimé la distance. L'espace entre lui et un point au loin. L'immensité intouchable aux airs si fragiles du ciel. Le vent qui portait son souffle vers l'horizon. Le soleil qui descendait loin, très loin, de ses mains qui ne désiraient que l'atteindre.
           Issu d'une famille pauvre et d'un père inconnu, sa mère, une prostituée du nom d'Aleyna à la vie malheureuse mais au grand coeur, s'était occupé de lui, de son grand-frère et de sa petite soeur du mieux qu'elle pouvait. 
    La première personne qui fut emportée par l'horizon fut le grand-frère de Carter. Il partit en mer comme marin pour essayer de faire subsister sa famille, mais ne revint jamais. D'après les gens qui le connaissaient, il serait parti écumer toutes les mers du monde, laissant derrière lui un océan de larmes et de chagrin.
           Carter, demeurant le seul homme de la famille, commença à voler au risque d'être sévèrement châtié. Il courait pieds nus dans les rues humides, ses yeux fatigués cachés dans l'ombre d'une gavroche usée, un manteau trop grand et une écharpe élimée le protégeant tant bien que mal du froid. Il avait dégoté quelques petites lames, pour les cas d'extrême urgence.
           La deuxième personne à être avalée par l'horizon fut sa jeune soeur, encore une fillette innocente, comme lui n'était qu'un gamin pleins de rêves brisés. Emportée par la maladie, elle noya sa mère et son grand-frère dans la tristesse. Aleyna, brisée d'avoir vu deux de ses enfants être arrachée à elle par les aléas de la vie, tomba malade à son tour, malade de chagrin.
           Carter redoubla d'ardeur. Ses mains fragiles mais habiles ramenèrent plus de bourses trop vides à son domicile pour tenter d'acheter des médicaments et sauver sa mère.
           Chaque soir, incessamment, inlassablement, il observait le soleil descendre à l'horizon et embraser le ciel de couleurs chaudes et vives.
            Le soir où sa mère, malgré tous les efforts du monde, l'abandonna à son tour pour un grand et éternel voyage, Carter, pour la première fois de sa vie, lança au loin une de ses lames qu'il gardait constamment avec lui, ainsi que sa rage et son désespoir.
           Ce soir-là, Carter tomba amoureux de la distance, malgré tout le mal qu'elle lui avait fait.
     

            Arpentant les rues sans rêve ni but, Carter continua de voler pour survivre, prenant l'habitude de s'entraîner à lancer ses lames comme si elles étaient porteuses de son amour et de ses sentiments à sa famille si loin de lui. C'était à vrai dire ce dont il était persuadé. Lancer encore plus loin, toujours plus loin, plus loin que l'horizon et que toutes les étoiles du ciel, pour que son message les atteignent...      Malheureusement, ses "messages" ne pouvaient guère aller plus loin qu'une dizaine de mètres... Mais l'espoir et la persévérance amélioraient chaque jour sa technique.

           Bien qu'à douze ans, Carter était devenu très doué dans son art, jamais encore il ne s'en était servi contre une tierce personne.       Cette occasion arriva cependant plus vite qu'il ne l'aurait voulu.

           Un matin d'automne comme les autres, gris, frais et mélancolique, il arpentait les rues en quête de quelques pièces pour survivre, et assista à la poursuite d'une fillette d'au moins quatre ans sa cadette, fuyant un garde, un lapin dépecé dans les mains, sans doute un larcin manquant de discrétion. Mais la fillette avait faim, cela se lisait sur son visage et dans la force gravée sur son regard. Une force aux allures de désespoir. Il ne sut alors pourquoi, Carter, sans s'en rendre compte, avait déjà lancé une lame qui vint se ficher dans la cuisse du garde, pile là où ses réflexes avaient voulu l'y conduire. Comme possédé par l'urgence et une étrange détermination sordide, il lança un deuxième couteau qui vint clouer la main du soldat sur le mur avant que ce dernier ne se saisisse de son arme à feu. Le sang gicla tandis que le cri de douleur déchirant de l'homme se répercutait entre les murs sales des bas-quartiers. Son cri se termina en gargouillis quand le troisième et dernier couteau s'enfonça dans son cœur.


           Carter avait tué un homme. Il l'avait tué! Pourquoi...? Qu'est-ce qu'il s'était passé...? Ses yeux l'avaient vu. Mais son cerveau n'avait pas réussi à le voir.
           Son cerveau n'avait pas réussi à voir la fillette qui, en une ultime tentative pour survivre, s'était écroulée sur les pavés, succombant dans la mare de son propre sang, le liquide vital jaillissant d'une blessure par balle dans son dos.
           Cette vue brisa encore plus Carter. Mais lui ouvrit également d'autres horizons. Il mit au poing une technique de lancé exécutable avec trois lames. Une première lame dans la jambe, pour son grand-frère parti en voyage loin dans le vaste monde. Une seconde dans la main, pour la petite main froide et frêle de sa soeur qu'il avait serrée jusqu'à ce que cette dernière ne ferme les yeux pour toujours. Et une dernière dans le coeur, pour sa mère qui les avait tous tant aimés, tellement aimés que la disparition de deux de ses enfants l'avaient emportée pour son dernier voyage...
           Cependant, Carter n'avait pas seulement trois lames. Il en avait en réalité quatre. Mais la dernière, qui ne pouvait être que la sienne, il la réservait pour une occasion spéciale. Pour lorsque ce serait son tour de partir en quête du lieu le plus éloigné...
     
           Finalement, Carter grandit, plus vite dans son cœur que dans son corps, et se trouva à ses quatorze ans un travail dans une imprimerie. Il recevait un salaire mince mais suffisant, et passait ses journées à distribuer des journaux à la criée. Puis l'enfant se trouva une nouvelle famille un peu extravagante mais chaleureuse au sein de la maison d'édition du journal, et le rédacteur en chef décida de l'adopter. Il reçut une éducation et monta les échelons petit à petit pour finalement devenir le chroniqueur attitré du journal. Ce fut et c'est sans doute aujourd'hui encore sa plus grande fierté.
          
        

      Plus tard, alors qu'il dépassait la vingtaine depuis seulement quelques petites années, il rencontra une jeune femme à une soirée mondaine à laquelle fut convié son père adoptif, monsieur O'Warren. Au début, il la prit pour un ange. Avec son visage enfantin aux grands yeux clairs purs et innocents et ses longs cheveux blonds noués par un ruban, elle était tellement belle dans sa robe rose de satin et de dentelle... Leurs regards se croisèrent, et il sut qu'il l'avait déjà rencontrée, dix plus tôt. Il s'était discrètement aventuré dans les quartiers aisés, et juste avant d'être pris la main dans le sac par un garde, il eut le temps de croiser le regard de cette fillette, qui se promenait avec ses parents. Déjà alors, elle avait tout d'une apparition divine. Et elle en portait d'ailleurs le nom... "Ariane"... 

          Il l'invita à danser une valse, elle le regardait, sans pouvoir émettre un son, puis elle accepta et ils scellèrent leurs sentiments sur ce rythme en trois temps. Elle l'avait reconnu aussi, bien sûr, pourtant Carter avait bien changé en dix ans... 

          Ils décidèrent de se fiancer, il lui offrit une bague sublime qu'il avait payé en rassemblant toutes ses économies, et il rencontra sa famille. Avec l'éducation qu'il avait reçue, Carter pouvait très bien passer pour le descendant d'une famille aisée, or, son métier de chroniqueur ne plaisait pas réellement au père d'Ariane qui contrairement à sa femme pensait à l'avenir financier du couple et non au bonheur des deux amants.

     Désireux de faire ses preuves, le jeune chroniqueur au caractère insouciant et téméraire décida, après avoir fait jouer ses anciennes relations de gamin des rues, de s'embarquer pour une aventure à bord de ce vaisseau volant qu'était l'Elian. Il changerait les belles aventures en chroniques écrites à l'encre noire, et ces lignes rédigées à la force de son courage et de sa détermination feraient de lui un homme reconnu, et dans ce cas, également, un homme marié à la femme de ses rêves...
           Emportant par mesure de précaution ses couteaux de lancer, il se disait également que ce voyage dans l'Ether serait une occasion de, peut-être, pouvoir atteindre ses trois petites lumières dispersées dans le vaste monde...
           Et puis après tout, il était amoureux de la distance.

           Et la hauteur en était une sacrément belle...
     

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    Métier : Chroniqueur
    Capacités : Bonne éducation et sens de la diplomatie (du moins, en règle générale...). Bonne condition physique, bonne endurance, habile, vif et agile, très doué dans l'art du lancer de couteau.
    Qualités : Courageux, tenace, déterminé, sympathique, optimiste, sociable, débrouillard, généreux.
    Défauts : Sang-chaud, assez irresponsable, ne sait pas trop quand s'arrêter (il peut blesser une personne verbalement sans le vouloir), peut se montrer un peu provocateur, pas très empathique (il a du mal à se mettre à la place des autres), insouciant, tête brûlée.
    Armes : Couteaux de lancer. A la base il n'en a que quatre, mais il s'en est procuré plus avant d'embarquer pour parer à toute éventualité. Il est capable de les lancer avec une grande précision à une distance de vingt mètres environ.
    Aime : Ariane, sa famille (sa vraie famille comme son père adoptif et ses amis du journal), l'aventure.
    Déteste : Qu'on le provoque, les gens pessimistes et trop sévères, qu'on en veuille à ses proches.
    Souhaite : Parvenir à lancer ses armes au-delà de l'horizon pour atteindre sa famille, retrouver son grand-frère.
     
     


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