•  ValorahGage, Tango, Tangage

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             L'arrivée dans la Citée des Sept ne se fit pas sans bruit. Mais l'altercation terminée, la totalité de l'équipage s'était retrouvée avec le pied à terre. Tous étaient partis dans des endroits différents, te laissant seule avec ton manque cruel de connaissances. En effet, tu ne connaissais que trop mal la mythologie pirate. Tu entendais souvent Fenrir jurer en prononçant le nom d'Aristine, mais tu ignorais qui était cette dernière. Quoi qu'il en fut, tu entamas une promenade, te dirigeant par simple réflexe en direction d'un quartier situé dans l'ombre. L'ombre t'avait toujours attirée alors que tu vivais dans la lumière. Tu étais contradictoire, mais c'était ce qui te rendait compliquée.

             En descendant du navire, tu avais tout de même pris soin de prendre la valise contenant Basile, en ajoutant ton gant à l'intérieur. Le gant en cuir qui te servait à réceptionner Écrou. Évidemment munie d'un chapeau sur ta tête, tu te dirigeas alors d'un pas décidé vers cette zone d'ombre qui t'attirait tant. Tu ne pris pas le temps d'admirer les bâtiments qui t'entouraient, cela ne t'intéressait guère, alors à quoi bon flâner alors que tu sentais qu'il allait se passer quelque chose d'assez intéressant dans ce quartier.

             Ton passage ne se fit pas forcément très facile. N’appréciant que peu le contact avec les gens environnants, tu tentais tant bien que mal de te frayer un chemin parmi la foule, qui se désépaississait à mesure que tu rejoignais le quartier de l’ombre. Enfin entrée, tu constatas que les rues se faisaient plus étroites. Tu avais beau sortir d’une famille relativement noble qui a besoin d’espace, tu te retrouvais à apprécier les endroits étroits. Bien qu’être confinée te déplaisait. Tu t’avanças sans gène dans une ruelle, qui te semblait assez écartée de l’axe principal du quartier.

             Humant l’air un bon coup, tu pus constater à quel point ça puait. Le sang, la poudre, la pourriture. Ce n’était pas des odeurs étrangères, seulement disgracieuses pour ton pauvre petit nez d’aristocrate. Tu avais ralenti le pas, prenant le temps de lever la tête pour voir l’immensité des bâtisses qui t’entouraient. Tu te sentais ridiculement petite, une souris blanche perdue parmi une horde de rats qui n’attendaient qu’à ce que tu fasses un écart d’attention pour venir te manger. Oui, tu les avais vu. Cachés sur les quelques balcons, derrière les rideaux des fenêtres ouvertes. Tu voyais les lunettes réfléchir le soleil qui avait pourtant du mal à percuter la ruelle. Mais tu ne te sentais pas hors de chez toi. Tu avais déjà eu quelques dures aventures dans les bas quartiers de Vanc’iôm, sans pour autant te faire violer ou battre. Tu étais maligne et observatrice, ces deux qualités te sauveront toujours la vie. Du moins, c’était ce que tu te disais.

     

             Une ombre se glissa derrière toi, légère avec un doux parfum citronné. Tu reconnaissais l’odeur, mais tu te doutais que tu faisais erreur sur la personne, celle que tu pensais avoir reconnue.

    « Les nobles et autres aristocrates ne sont pas réellement appréciés dans le coin, ma jolie, fit une voix féminine qui avait pointé un canon dans ta nuque.

    - J’espère dans ce cas que vos hommes connaissent vos antécédents, Cordélia. » finis-tu avec un large sourire sur les lèvres.

             Le canon s’abaissa, et une main vint t’agripper l’épaule pour te retourner. Ton sourire se fit plus sincère et plus large lorsque tu vis son visage, plein de stupeur et de joie. Elle finit pas te prendre dans ses bras et te serrer aussi fort qu’elle le pouvait. Cordélia finit par te lâcher pour mieux relever ton chapeau et prendre ton visage entre ses mains, scrutant tes lignes, tes yeux, tes expressions.

    « Par Rose, mais que fais-tu ici, Valorah ?

    - Je vous retourne la question, ma chère. Pour ma part, j’ai seulement besoin de me détendre… Et quelle détente… »

             Cordélia arqua un sourcil avant de voir ta valise et comprendre ce dont tu avais besoin. Elle sourit pour te prendre par le bras et te guider un peu plus en profondeur dans le quartier. Vous ne vous dîtes rien sur le chemin, chacune de vous cherchant ses mots, cherchant les questions à poser pour lever les voiles. Cette femme pleine de surprise, tu la connaissais depuis ton enfance. Elle fut l’épouse de lord Cavendish pendant au moins quinze ans, et était une très bonne amie de ta mère. Pourtant, elle avait quitté Polonius pour une raison que tu ignorais, et à vrai dire, cela ne te regardait pas forcément.

             Vous entrâtes ensemble dans un bâtiment, bien plus haut que large et qui te semblait étrangement penché. La brune t’invita à la suivre, gravissant un nombre incalculable de marches. Une fois arrivées à bon port, tu fus agréablement surprise de la vue qu’offrait le toit du bâtiment sur lequel vous vous trouviez. Tu avais accès à presque toutes les rues et ruelles du quartiers de l’ombre, c’était comme ça que tu l’avais baptisé avant de connaître son véritable nom. Tu avais même une superbe vue sur une petite place qui trônait au centre du quartier. Tu finis par poser ta mallette, pour l’ouvrir et déballer puis monter ton outil. Cordélia te regarda faire sans un mot, respectant ton petit rituel de montage. Une fois Basile assemblé, tu la regardas, lui souris, puis scrutas les environs.

    « Cordélia, pouvez-vous me parler de cet endroit ? J’avoue être perdue. Je ne connais pas les croyances pirates, je ne le suis que depuis peu… Quant aux questions concernant la piraterie, je pense que nous avons toutes les deux nos raisons.

    - Bien, rit-elle doucement. La Cité des Sept fut construite par les sept premiers pirates. Je te fais la version courte. Chacun d’eux ayant un talent particulier. Et, j’avoue ne pas être étonnée par ton choix d’ailleurs. Nous nous trouvons dans le quartier de Rose, la représentante de la colère et des assassins. On peut trouver pas mal d’objets très intéressants dans le coin.

    - La colère et les assassinats. Exactement ce dont je voudrais me débarrasser, et ce pourquoi je suis venue.

    - Tirer à vue pour évacuer, ça me paraît pas trop mal comme idée, Valorah !

    - Eh ! Je n’ai encore rien trouvé de mieux pour me détendre.

    - Tu n’as pas fini de m’étonner, continua Cordélia, toujours rieuse. Il est dit que Rose lance une pièce lorsqu’on pénètre dans son quartier, pour savoir qui reste, ou qui peut en repartir. Mais, dans ta condition, je ne pense pas qu’elle se trouve outrée par ton geste.

    - Je suis une rose, Cordélia, et j’ai des témoins qui pourront vous l’affirmer. Puis-je tirer à vue ? Je n’en puis plus... »

             Elle pencha la tête sur le côté en acquiesçant, avant de te faire signe que tu avais le champ libre. Elle te demanda pourtant d’épargner ses hommes, elle en avait besoin après tout. Tu regardas attentivement les environs, à la recherche de quelqu’un que tu pouvais envoyer aux enfers. Tu ne croyais pas à un seul enfer sur terre, il en fallait plusieurs, pour plusieurs punitions. Tes yeux se stoppèrent sur un homme qui volait à un étendoir. Il prit la fuite juste avant que le marchand ne se rende compte qu’il venait de lui prendre un de ses biens. Tu vis le vendeur essayer de s’armer, mais tu fus plus rapide que lui. Tu avais appuyé sur la détente, Basile avait chanté et le voleur s’était écroulé. Ton canon changea complètement de direction, pour se retrouver à pointer un autre homme, qui avait l’air tout à fait normal. Il était seulement très seul, assis par terre. Basile chanta à nouveau, tu avais décidé d’abréger ses souffrances.

    « Le son que fait ton fusil est vraiment très agréable. Il n'est pas aussi dur et sec que ceux qu'on peut rencontrer, c'est remarquable.

    - C'est une personne remarquable qui me l'a personnalisé, à mon image, doux et délicat.

    - C'est le mot. A croire que le chant de la mort se ferait plus docile.

    - Voilà un étrange loisir que de tuer pour le plaisir, ne trouvez-vous pas Cordélia ? Après tout, je pratique la chasse comme n'importe quel homme. Mon gibier est seulement différent.

    - Bon sang, mais qui dans ta famille aime tuer pour le plaisir, Valorah ?

    - Je n'en ai pas la moindre idée. Je tiens tout de même à préciser que j'ai beaucoup plus de mal à tuer froidement les femmes. À croire que j'ai une dents contre les hommes...

    - Avoues que ça te soulage de ne pas te voir mourir, ce pourquoi tu choisis les hommes plus facilement. »

             Tu penchas la tête sur le côté, regardant le ciel. Tu songeais à ce que ton amie venait de te dire. C’était peut être le cas. Peut être que tu te retrouvais un peu dans le regard de toutes femmes. Tu voyais en elles la féminité qu’elles ne voulaient pas montrer, ou encore la confiance qui se terrait dans leurs entrailles. C’était sans doute pour leur laisser une chance de donner vie à un être meilleur que tu les laissais en paix. Quoi qu’il en fut, tu n’avais aucune idée de pourquoi tu refusais de t’attaquer aux femmes. Tu regardas alors la brune assise à ton côté avant de hausser les épaules, comme absence de toutes réponses.

             Tu soupiras longuement, ta colère s’était enfuie en deux balles, à croire qu’elle n’était pas aussi violente que tu l’avais pensé. Mais c’était sans doute cette rencontre avec Cordélia qui t’avais fait balayer la colère des retrouvailles avec ton ami médecin. C’était une agréable surprise que de la revoir. Cela faisait quasiment huit ans que tu ne l’avais pas revue, peu après qu’elle ait quitté l’homme qui te rendait folle en ce moment. Mais tu ne souhaitais pas parler de lui, tu aurais voulu te changer les idées, mais pour l’heure tu ne savais pas comment. Ce fut alors Cordélia qui en prit l'initiative, prenant ta main gauche dans la sienne, un air suspicieux dans le regard.

    « Aucune alliance à ton doigt, tu n'es même pas fiancée. Ton père doit être fou à l'heure qu'il est, et s'inquiéter pour sa descendance et son entreprise !

    - Oh, ris-tu, ce n'est pas le cas en réalité. J'ai l'intime conviction qu'il donnera sa firme à tante Bel lorsqu'il atteindra son dernier souffle. Pour l'heure, il n'en décroche pas et ne souhaite pas quitter son trône !

    - Mais sa douce princesse n'a toujours pas trouvé chaussure à son pied, ma jolie.

    - J'y viens, continuas-tu, j'y viens ! Pour dire vrai, il a baissé les bras au premier prétendant. C'était un jeune homme qui m'avait l'air d'avoir eu une très bonne éducation. C'était peu après votre départ, Cordélia. J'avoue que j'ignore totalement les conditions de vie de sa famille, mais bon, c'est de l'histoire ancienne. C'était un bel après-midi de printemps. Les quelques arbres fruitiers que nous avions avaient déjà leurs fleurs, la cour était ravissante. Et toujours dans le but de vaincre l'ennui, je m'étais retrouvée à cheval, jouant avec mon oiseau. Je voulais perfectionner sa voltige, il était encore tout jeune à ce moment là, et aussi frivole que je l'étais !

    « Il n'y avait eu aucune annonce. Les domestiques avaient l'habitude de nous présenter nos visiteurs, mais j'avais été la seule surprise de voir mon père entamer une discussion avec un homme, et un jeune homme s'avancer vers moi d'un pas décidé. Je l'avais regardé déambuler d'un air dubitatif, mais que me voulait ce misérable ? Oh, bien entendu, j'adorais être surprise, et c'est toujours le cas. Mais je sentais comme si il y avait anguille sous roche. Il me fit une révérence, de celles qu'on voit dans les bal lorsqu'un gentilhomme vous invite à danser. Et là, il avait commencé une tirade dont je n'avais écouté aucun mot. Mes yeux l'avaient quitté pour croiser le regard de mon père qui avait semblé s'excuser. Et j'en avais assez d'entendre son monologue, alors je l'avais coupé, d'un simple geste de la main.

    - Mon dieu, mais que lui as-tu fait à ce bougre ? rit la brune, visiblement amusée par ton récit.

    - Je l’ai rapidement prévenu que s'il n'attrapait pas l'oiseau, c'était qu'il ne me méritait pas. Alors Écrou avait piqué sur lui, sous mon ordre. Le pauvre garçon était reparti dans les bras de son père outré, avec une touffe de cheveux en moins ! finis-tu par exploser, riant presque aux éclats.

    - Valorah, ou l'art de faire fuir les prétendants !

    - Au moins, j'ai échappé à toutes autres formes de tentatives ! »

             Vous rîtes toutes les deux pendant un moment. Tu lui avais raconté d’autres histoires qui s’étaient produites après son départ. Vous vous étiez également remémorer le visage de ta mère, des moments passés avec elle. Isadora était une belle femme, et élégante en toutes circonstances. C’était une femme sage et délicate, pourtant tu te souvenais des jeux que vous aviez pu faire toutes les deux. Notamment faire tourner la tête de ton père. Tu te souvenais alors de cette partie de cache-cache qui avait duré toute une après midi, où vous vous étiez mises en tête de courir dans tout le manoir sans jamais que ton père ne vous atteignît. C’était le bon vieux temps, et tu devais avouer que te remémorer ta mère te faisait mal au coeur.

             Tu appuyas ton coude contre le rebord du toit, venant poser ta tête dans le creux de ta main. Tu te retrouvais à être songeuse, et en toute franchise tu aurais tout donner pour te retrouver dans un endroit véritablement calme. Où rien ne pouvait te mettre dans ces états-ci. Tes yeux se perdirent dans l’horizon, mais avaient vite rejoint le visage de la brune qui reprenait la parole.

    « Malgré tout ce que nous nous sommes dites, Valorah, je te sens troublée et avec un certain manque je dirais.

    - Je crois que ma figure paternelle me manque. Mais je dois avouer que j’ai quelques problèmes. On m’a fait voir des licornes toute ma vie, alors qu’en réalité ce ne sont que de vulgaires hongres auxquels on a rajouté un pauvre bâton pour créer l’illusion.

    - AH ! AHAHAH ! Si j’avais pensé un jour t’entendre parler comme ça, je ne serais sans doute jamais partie ! explosa Cordélia, surprise de ton langage.

    - Hm, la vie sur le navire est rude, j’en perd ma bienséance !

    - Ahah, je ne vais pas pouvoir m’arrêter, mais vas-y, dis moi tout !

    - Un homme que vous connaissez aussi bien que moi est en train de me rendre folle, repris-tu avec un air sévère coincé dans la gorge.

    - Oh, se calma la brune, je pense savoir de quoi il en est dans ce cas. Si c’est réellement ce que je pense, dis toi que c’est une des raisons pour lesquelles je suis partie, parce que ça me faisait peur. Mais aussi parce que le bougre ne me regardait plus, j’étais devenue inexistante ! Mais ça, j’aurais peut être du m’en douter un peu… Il fallait voir comme il regardait Isadora…

    - Pensez-vous que Lear est au courant lui aussi ? Pensez-vous qu’il a trempé là dedans également ? demandas-tu, soudainement très apeurée par les réponses que la pirate pouvait te fournir.

    - Polonius est peut être le meilleur ami de ton père, je pense que jamais il ne l’aurait impliqué dans l’affaire. Rien que pour préserver tes beaux yeux de toute l’horreur dont il fait preuve. Mais le mal est fait, alors que comptes-tu faire, Valorah ?

    - Je l’ignore Cordélia... soupiras-tu, encline au désespoir que la situation te procurait. J’ai peur. Il faut l’arrêter, mais de simples mots ne l’arrêteront pas, c’est un homme d’action, je le sais. Alors il me faudra être plus maligne que ce renard. Le réel ennui, c’est qu’il me connaît aussi bien que je le connais. J’ai besoin d’aide pour régler cette affaire. J’ai besoin de mon père, et sans doute de vous également. Mais, la victime de tous les actes de Polonius est impatiente, je ne peux le faire languir trop longtemps…

    - Un de ses sujets a survécu ?! »

             Tu ne lui répondis pas, lui souriant tout simplement de ce sourire plein de malice qui avait fini par te caractériser. Un léger silence s’installa alors entre vous. Toutes deux perdues dans vos pensées. Tu ignorais de quoi étaient faites celles de ton amie, mais les tiennes étaient perdues. Tu ne savais plus quoi penser en réalité. Alors tu soupiras longuement, ce petit temps de calme te faisais du bien, tu en avais besoin. Et tu souris. Une seule personne était capable de sentir lorsque tu avais besoin de ces moments où justement les mots se faisaient trop pesant. Tu finis par démonter Basile, qui avait finit par refroidir, le pauvre ne devait pas forcément être satisfait de n’avoir chanté que deux fois. Tu le rangeas dans sa valise avant de t’asseoir par terre et enrouler tes bras autour de toi. Tu ne pu retenir un léger soupir un peu bruyant, que Cordélia ne pu s’empêcher de relever.

    « Ton coeur est ailleurs.

    - Peut être que je devrais laisser mon père me trouver un mari…

    - Tu ne trouveras peut être pas autant de confort que dans ceux de la personne à laquelle tu es en train de penser.

    - Seriez-vous mentaliste, Cordélia ? J’ai peur de cette condition, le mariage serait la fin de ma liberté, c’est sans doute pour ça que je refuse que quiconque ne m’approche.

    - Sauf un j’imagine. Parles moi de lui.

    - Hm… Il n’est pas né d’une famille noble, il vit dans les bas quartiers de Vanc’iôm. Je l’ai rencontré dans une affaire qui a fini par me réveiller ces penchants étranges. Il me connaît par coeur, il sait de quoi j’ai besoin et quand. Il est…

    - Je ne t’ai jamais vu aussi passionnée, ma jolie ! Ne le lâches pas celui-ci ! »

             Tu te mordis la lèvre inférieure, sentant tes joues rosir peu à peu. Elle avait peut être raison après tout, mais tu n'imaginais que mal ton père accepter cette union. Surtout lorsqu’il prendrait connaissance de ce que vous êtes réellement. Car ça allait arriver tôt ou tard. Rien que lorsque tu retrouveras Cavendish, lorsque vos accusassions seront arrivées à leur terme, tu l’imaginais bien balancer tout ce qu’il savait sur toi, à ton père. Car tu te doutais bien qu’il allait te faire surveiller. Tu connaissais son secret, alors tu le pensais bien capable de trouver un espion pour te surveiller. En tout cas, la révélation de tes secrets lors de votre confrontation ne t’étonneras que peu. Tu fermas les yeux un instant, contrariée. Mais encore une fois, Cordélia sut trouver les mots pour te sortir de tes songes.

    « Hm, mon navire doit faire une escale à Vanc’iôm. J’ai quelques petites choses à récupérer. Et je vois que tu voudrais retourner là bas.

    - Je ne souhaite pas quitter l’Elian, Cordélia. Son équipage me plaît, ils sont attachant mine de rien.

    - Je te propose seulement d’y aller rapidement, car j’imagine que ton trois mâts ne s’y arrêtera pas de si tôt.

    - Vous avez peut être raison… Mais nous venons d’arriver dans la cité, alors…

    - Ne t’en fais pas. Profites de ton séjour, et nous pourrons partir lorsque vous vous en sentiriez prêts. Rien ne presse, et pour ma part, mon affaire peut attendre ! »

             Tu souris. D’un large sourire sincère. Tu allais pouvoir rentrer, pour quelques temps. Revoir ton père, ton manoir, Tim peut être également. Mais surtout Cavendish. Pourtant tu pensais tout de même avoir le temps, tu n’allais pas tout de suite parler de cette alternative à Grey. Tu ne voulais pas tout de suite quitter la cité, et tu sentais que si tu lui parlais de l’idée de Cordélia, il allait sauter sur l’occasion de pouvoir se rapprocher de Polonius rapidement.

             Tu te relevas doucement, époussetant ta robe avant d’annoncer à la brune que tu en avais fini pour aujourd’hui, c’était de belles retrouvailles, mais tu voulais retrouver le luxe de ton boudoir, juste pour pouvoir prendre ton bain et réellement te détendre. Elle te sourit doucement, te proposant d’aller visite le quartier de Neptis, où elle t’assura que tu pouvais trouver beaucoup de choses liées à l’eau. Tu te trouvas alors suspicieuse en voyant comme elle souriait, un léger air narquois sur le coin de la bouche. Pourtant tu n’en perdis pas moins ton sourire, tu la remercias même, avant de l’embrasser et la quitter. Tu allais certainement suivre son conseil, mais pas tout de suite. Tu te sentais d’humeur détendue et joyeuse, alors tu avais l’intention de remonter sur l’Elian, déposer ton arme et échanger ta robe contre une plus légère. Et puis, avec un peu de chance tu tomberais sans doute sur un membre de l’équipage du trois mâts. Tu l’espérais, histoire de revoir des visages véritablement familiers.

             Car malgré tout ce que tu pouvais ressentir à propos de Cordélia, elle te semblais tout de même étrangère. Tu ne l’avais pas connu comme ceci. Elle avait été un petit modèle pendant quatre ans, et elle était passé de la femme belle, séduisante et sage à une pirate méconnaissable qui avait troqué ses jolies robes contre des pantalons. Tu étais consciente que chacun avait ses secrets, mais la condition de Cordélia t’intriguais. Il était probable que tu fasses des recherches à son sujet, sauf si tu venais à te perdre dans les bains...

     


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