• Crowley et Mirayhu

    Crowley & Mirayhu, Cuisiner et Archéologue, Pirates de l'Air
     

     

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    S'il est un monde bien ennuyeux à vivre, c'est celui de la ville. Fumant agglomérat de pierre et de métal, forgé dans quelques idéaux maintenant croupissants sous cette masse ignorante en compagnie des rats, des pauvres, des excréments et d'un peu d'espoir. 

     

    C'est d'ailleurs au détour d'une ruelle crasseuse, derrière la grille d'un égout dont l'odeur même fait fuir les braves gens que commence l'histoire de Crowley et Mirayhu.

     

    On dit que les histoires courtes sont les meilleures, et il y a nombre de récits d'orphelins qui méritent d'être racontés et qui sont d'autant plus courts que leurs existences s'achèvent ici même, dans ce gouffre de l'ingéniosité humaine, entre les pavés glacés et les tuyaux suintants de la générosité des gens d'en haut.

     

    Cependant, dans un espoir que certains proposeraient de qualifier de vain, ils se démènent pour survivre dans ce dédale de roches et de ténèbres. La noirceur y est telle que, si on s'y aventure ne serait-ce que d'un pas, par cadavre visible accroché à la rive, la complexité de la structure nous rattrape, la puanteur écrase tous les sens, comme si l'atmosphère elle-même devenait écrasante. Et soudain... rien, la lumière meurt soudainement, arrachée comme ces milliers de vies hurlantes sous la terre, et il ne reste vraiment rien, rien, rien d'autre qu'une peur panique qui vous saute à la gorge, froide et silencieuse. Ce moment où un sifflement strident déferle dans votre tête et saisit jusqu'à vos articulations, vous broyant de l'intérieur et déchirant tout ce qu'il y a de bon en vous. Ce moment où l'espoir est si loin qu'il semble préférable de se laisser porter par ce torrent accablant qui se déverse jusqu'aux portes de la mort. C'est ce moment-là que Mirayhu préfère. C'est une enivrante danse avec elle-même, ce monde si injuste disparaît alors quelques instants, perdu dans un océan de pensées oubliées. Elle danserait bien avec d'autres mais la plupart n'ont pas leurs deux jambes et, bien qu'elle s'en accommoderait trouvant cela d'autant plus amusant, ils s'y refusent. Ces êtres vivants sans vie. Ces morts foulant encore ces égouts à la recherche d'une fin à leurs souffrances.

     

    En réalité, on peut dire que Mirayhu adore ce monde, et contrairement à tous ici-bas, elle est capable de rire, un rire pur, plus pur encore que la mort. C'est peut-être cette joie qui la pousse à détester tous ces esprits accablés, ces corps mourants qui se traînent pour survivre. Et s'il est une chose qu'elle désire c'est vivre, vivre dans le monde de lumière. Elle veut apprendre de ces gens qui marchent au-dessus de sa tête, parcourir leur monde ; et en échange elle leur montrerait les ténèbres, la désolation et la peur, à ces marcheurs du jour... Il vint d'ailleurs un jour, lors d'une de ses promenades souterraines où le silence régnait, brisé quelques instants par le trottinement des rats et le bruit des pas au-dessus de sa tête, où elle vit, pour la première fois, les grilles s'ouvrir. Le verrou céda lentement au coulissement d'une énorme clé de fer, les barreaux soufflèrent un vent de poussière épais et un pavé de lumière tomba dans les ténèbres, l'entourant d'un halo lumineux et brûlant. Elle n'eut pas le temps de passer la tête qu'un gamin à peine moins grand qu'elle se faisait jeter dans le cercueil sous la ville et lui tombait dessus dans le fracas de la grille se refermant sur eux. La noirceur redevenait normale, la puanteur reprenait le dessus, tout allait bien pour les deux enfants.

    Mirayhu était heureuse, normalement les enfants ne survivent pas dans les égouts. Ils sont peuplés de gens jetés de la surface à cause de leur pauvreté. Elle était l'enfant des égouts, celle qui avait survécu. Elle lui demanda alors son nom, ouvrant de grands yeux, curieux et tous ronds. Elle était attendrissante, ses longs cheveux couvraient tout son dos mais ne touchaient pas le sol et le bandeau qui recouvrait sa bouche et son nez déformait ses paroles. Alors sans lui laisser le temps de répondre, elle poussa le garçon venu d'en-haut sur le côté, se redressa, tira le tissu qui couvrait son visage au niveau de son cou et lui sourit. Le garçon se releva à son tour, se dressant au milieu des ténèbres comme si l'endroit lui était familier, et lui répondit : «A quoi me servirait un nom ? Je n'en ai jamais eu et je vis depuis un temps.»

    Elle était choquée, ce garçon qu'elle rencontrait, tout maigre et apparemment blessé au niveau du ventre, avait l'air pas bien malin. C'était la première fois qu'elle entendait le mot "vie" d'une bouche qui n'était pas la sienne tandis que les râles de ceux qui crient pour leur survie et se plaignent sans cesse l'exaspèrent... «Tu saignes, tu devrais te trouver un nom tu sais, je risque de t'oublier d'ici demain si tu meurs sans nom...» Elle pencha la tête sur le côté et remarqua le sang qui coulait le long de sa jambe, épais et rouge vif. Il était magnifique et, à travers les quelques pâles rayons de lumière qui s’immisçaient  entre les barres de métal, elle comprit. C'était la plus belle couleur qu'elle ait jamais vue, sublime et pure, d'une incroyable perfection.

    «Tu as un sang magnifique.»

     

    Le garçon la regarda, elle semblait différente, et il fut même étonné que, dans cet étouffant couloir de la mort où, de la texture des pierres jusqu'à l'air, tout était si putride, il ait vu ce sourire. Ce sourire radieux au milieu des ténèbres, et dans ses yeux la vie, pétillante et combative.

    Même à la surface, où tout n'est que lumière, on se croirait plongé dans une marée morbide de déchéance et de lassitude après avoir vu un tel regard.

     

    «Crowley ! Tu t'appelleras Crowley !»

     

    «Crowley... pourquoi pas, après tout il faudra bien que tu m'appelles demain» lui dit le garçon en lui donnant une pièce dorée, brillante mais couverte d'un peu de sang , tout en s'éloignant dans les tunnels sombres.

    Mirayhu, intriguée, s'assit alors sous la grille encore chaude, ça faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas fermé les yeux, on ne sait jamais quand dormir dans l'obscurité des sous-sols. En s'endormant, elle pensa encore à ce mystérieux garçon tombé d'en-haut, elle revoyait sa blessure et repensa à tout ce sang, ce rouge vermeil captivant, cette couleur unique...

    «Il sera sûrement mort d'ici quelques heures... Crowley.» 

    La noirceur succéda la lueur, les ténèbres succédèrent la noirceur et elle s'endormit au crépuscule de ce jour, le plus rouge crépuscule de sa vie.

    Le lendemain, elle se mit à marcher en suivant les traces de sang sur le sol, elle longea le mur principal, faisant glisser sa main sur les parois gluantes jusqu'à arriver à une nouvelle grille. «Crowley ?»

    Sa voix faisait écho dans tous les conduits, à travers les tunnels et au-delà des ombres...

    «J'ai oublié de te demander ton nom hier...» dit Crowley en s'extirpant des ténèbres...

     «Mirayhu, je m'appelle Mirayhu» lui répondit elle en souriant..

     Crolwey – Qui t'a donné ton nom ?.

     Mirayhu – Comme le tien, c'est moi qui me le suis donnée, lui répondit-elle fièrement..

     Crowley – Et à quoi te sert un nom sous la terre ?

     Mirayhu – Ça n'a pas besoin de servir tu sais...»

     Elle était si tranchante, sans même l'ombre d'une hésitation; mais sa voix était si douce que tout autour d'elle semblait s'adoucir...

    «Pourquoi tu m'as donné cette pièce ?.

    Crowley – Tu voudrais voir le monde d'en-haut ? Sentir la lumière du soleil et le vent sur ta peau ?

    Mirayhu – Un jour je sortirai d'ici, j'aimerais bien voir le ciel.

     

    Crowley – Si tu veux bien chanter pour moi, demain je te montrerai les étoiles..

     

    Mirayhu – Comment ?»

     

    Elle était surprise, enfin elle pourrait sortir de ces égouts, là-bas où même la nuit est lumineuse et où il n'y aurait plus de ténèbres.

    Crowley déchira un petit carré de tissu dans ses vêtements et le posa par delà la grille, sur le sol de la ville. Il demanda alors à Mirayhu de poser la pièce qu'il lui avait donné dessus et de chanter. Elle approcha sa main de la grille, passa la pièce au travers.

     

    Ça faisait si longtemps que sa main n'avait pas tremblé, ni devant les cadavres qui jonchent les égouts, ni encore plongée dans les abysses de ces lieux, froids et sordides lorsque toute vie semble avoir disparu.

     

    Elle se mit alors à chanter dans ces ténèbres mouvantes. Les grincements s'écrasèrent et les ombres dansèrent; alors, même au milieu du froid et de la crasse, tout semblait tellement réconfortant. Quand elle eut fini, le petit morceau de tissu sur lequel la pièce reposait était désormais accompagné par plusieurs autres qui s'étaient rajoutées.

     

    «Tu sais les gens là-haut ne sont pas si heureux et je suis sûr que ta voix les a un peu aidés. Dans peu de temps, nous serons dehors et tu verras que c'est magnifique.»

     

    Elle le regarda en souriant et tendit la main pour récupérer les pièces lorsqu'elles fuirent soudain son contrôle.

     

    «La mendicité est interdite, vous devriez retourner dans les tunnels» lui dit un garde de passage alors qu'il se penchait pour ramasser cet inopiné butin.

     

    «Vous n'avez pas le droit» hurla Mirayhu tandis qu'elle ne lâchait rien, serrant dans ses petites mains le bout de tissu que lui avait confié Crowley.

     

    Le garde ria, s'approcha de la grille toujours souriant. Ses joues comme son nez étaient rouges et il n'avait pas meilleure haleine qu'un cadavre fraîchement jeté dans les égouts.

     

    «La loi est la loi, et tant que vous serez sur cette terre vous y obéirez, vous m'obéirez !»

     

    Mirayhu le détestait, elle le détestait plus encore que cette odeur qui empestait l'air, plus encore que cette eau même pas buvable qui coulait des veines sous la terre, plus encore que les misérables qui vivaient avec elle et qui sombraient chaque jour un peu plus dans la démence et la souffrance.

     

    En réalité, il est la première chose qu'elle ait réellement détestée. Tout pour elle était tout au plus un dérangement mais lui, il était une nuisance, une erreur, elle devait le détruire, en finir avec son existence et jeter son corps au milieu du reste des milliers de cadavres fumant sous la ville.

     

    Soudain, il n'y avait plus de résistance, elle entendit le bruit des pièces tomber sur le sol, le fracas du métal contre la pierre, puis le roulement des pièces à travers la grille jusque dans le courant qui parcourt les égouts. Une par une, elles glissèrent,harmonieuses, dans une incroyable symphonie de pierre et de métal, un métal d'or, un métal rouge vermeil.

    Elle regarda son corps couvert de sang, il était chaud et épais, la plus confortable des protections contre le froid, et elle sourit alors, comme lorsque le sang de Crowley coulait devant ses yeux. Elle le vit - Crowley- penché au-devant de la grille tenant fermement le bras du garde qui dépassait alors à l'intérieur des égouts.

     

    Il l'avait fermement tiré lorsqu'il ramassait les pièces et l'avait fait glisser dans la même action. C'est alors qu'il avait sorti de sous sa ceinture un os taillé grossièrement à force de fracas contre la pierre, et qu'il l'avait sans hésitation plongé dans la gorge du garde. Aucun ne se serait méfié de quelques orphelins misérables et affaiblis par la faim qui tentaient désespérément d'amasser quelques richesses, celui-ci aurait dû.

     

    La gorge était complètement ouverte et du sang était projeté régulièrement hors de sa trachée. Crowley attrapa alors les clefs accrochées à la ceinture du garde et les tendit à Mirayhu avec une pièce, une pièce rouge.

     

    «Nous allons sortir de cet endroit et voir le monde, il est sublime et imprévisible, nous pourrons voir le ciel et les étoiles. Nous n'avons pas besoin de tristesse, de haine ou de lois alors nous les laisserons sous terre.»

     

    Mirayhu attrapa un barreau et leva sa main ouverte vers le ciel, une larme coulant sur son visage.

     

    «J'aimerais voler parmi les étoiles, là où personne pourra nous enfermer, je veux être libre et toucher le ciel.

     

    Crowley – Nous serons toujours libre, et nous verrons beaucoup d'étoiles, des étoiles rouges.»

     

    Mirayhu lui sourit, ce même sourire si pur et innocent, un sourire de liberté.

     
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    Crowley :
     
    Métier : Cuisinier
    Capacité : Survivre
    Qualités : Optimiste, sincère, discret, ingéniosité dans les pièges mortels
    Défauts : Aucune notion du bien ou du mal, n'obéit à personne, claustrophobe
    Armes : Aucune, il n'aime pas se battre mais si il est contraint il préférera les petite armes qui permettent les meurtres discrets
    Aime : Mirayhu et la nourriture
    Déteste : Être emprisonné
    Souhaite : Mourir libre
     
    Mirayhu :
     
    Métier : Archéologue
    Capacité : Remonter le moral
    Qualité : Innocente, très gentille, souriante, agile, belle voix, toujours honnête et s'intéresse à tout
    Défauts : Naïve, n'a jamais peur, psychopathe en puissance
    Armes : Katana laqué
    Aime : La liberté et le sang, vivre
    Déteste : Les injustices
    Souhaite : Toucher les étoiles


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