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Grey, Docteur et Pirate de l'Air
Résilience
Journal de bord : Projet Dark Phoenix
Entrée n°12
Ça y est, les premiers sujets sont arrivés ce matin. Nous ne disposons que de quatorze enfants de moins de dix ans, mais il aurait été difficile de cacher la disparition d'un village plus gros. Je suis impatient de démarrer les tests, même si le regard de certains sujets me perturbe un peu. Le docteur C. nous dit que c'est pour le bien de la science. Il dit que, après la machine à vapeur, l'amélioration génétique sera la prochaine étape du développement humain. Il faut bien faire quelques sacrifices. De toute façon, demain, les traitements commencent. Nous avons découvert qu'une administration concentrée de valiôm associée à d'autre composants permet de remettre à zéro la mémoire des sujets. Une fois leur mémoire effacée, ils seront bien trop chamboulés pour souffrir de toute façon. J'espère que les essais seront concluants rapidement, ma femme et mon fils me manquent. J'ai hâte de donner à mon garçon l'espoir que notre science va faire naître. Il pourra vivre dans un monde sans peur, sans manque. C'est ce qu'un père à de mieux à offrir à son enfant.
Entrée n°19
Les premiers résultats sont tombés et ils sont plutôt encourageants. Nous progressons rapidement et le savoir que nous apportent ces fascinantes machines antiques que des archéologues ont retrouvé est presque sans fin. Nous n'avons à peine qu'effleuré la surface de leur potentiel. Les cristaux d'hier remplaceront bientôt la vapeur d'aujourd'hui ! Le seul souci est que, une semaine seulement après le début des recherches, nous avons déjà perdu un tiers des sujets. Le docteur C. ne semble pas s'inquiéter. Pour lui, seul les plus forts nous donnerons des résultats probants. J'espère de tout cœur qu'il a raison.
Entrée n°95
Deux mois déjà, et il ne nous reste que quatre sujets. La première phase de test sur les capacités de régénération a causé une surmortalité des sujets. J'ai l'impression que leurs cœurs n'étaient pas assez solides pour supporter les différents produits que nous leur avons injectés. Mais les quatre restants semblent bien plus résistants que les autres. J'espère que nous avancerons rapidement et que je pourrais revoir mon garçon avant son anniversaire. Je pense à lui et à ma femme lorsque je doute. C'est pour eux que je fais tout ça.
Entrée n°217
Ce matin, XX 275480 est morte. Sa température a brusquement augmenté et la dernière injection que nous lui avons administré afin de la calmer n'a pas réussi à faire quoique ce soit. J'ai l'impression que depuis que nous avons poussé leurs défenses au maximum de leur capacité, nous ne pouvons plus les soigner. Ce qui est d'un certain côté un progrès : leurs défenses rejettent ce dont elles n'ont pas besoin, ce qui signifie que leur système de régénération est désormais autonome. En tout cas, c'est ce que dit le docteur C. Nous allons maintenant utiliser le corps de XX 275480 afin de vérifier l'impact de nos opérations à l'intérieur du corps des sujets. Nos progrès se concrétisent.
Entrée n°392
Docteur C. a renvoyé les autres chercheurs. Il dit qu'ils ne servent à rien. Il ne reste que lui et moi. Il est un peu effrayé mais sa vision du corps humain est tellement novatrice que je parviens à trouver la force d'avancer. Ma femme et mon fils me manquent plus que jamais mais nous sommes si prêts du but que je ne peux plus reculer. Je ne veux pas reculer.
Entrée n°616
Il ne nous reste que XX 175650, mais Docteur C. n'est pas inquiet. Je vois dans son regard la fascination. Ce dernier sujet est sa création, et même si ses phases de conscience sont de plus en plus longues et difficiles à maîtriser, ses défenses physiques sont stupéfiantes. L'injection à base de valiôm ne lui fait plus rien cependant. Je vois dans son regard qu'il commence à comprendre ce que nous lui faisons, mais il est tellement fascinant ! Nous touchons au but. Il ne manque plus que la dernière phase, celle des tests extrêmes. Docteur C. veut le pousser dans ses derniers retranchements afin de voir comment ajuster le traitement pour nos futurs patients.
Entrée n°702
Mon garçon, je sais que j'ai manqué ton seizième anniversaire et que nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs années, mais je pense à toi tous les jours. Je pourrais très bientôt t'offrir le monde parfait dont nous rêvons tous. Tu pourras vivre sans peur, mon fils. Je t'aime de tout ce que je suis.
Entrée n°756
Hier, 1755650 a attaqué le Docteur C. Il n'aurait pas survécu si je n'avais pas attrapé le pistolet dans le bureau. J'ai endommagé le sujet mais son système de régénération est stupéfiant. La balle est sortie quelques minutes après et ce matin, il ne restait qu'une boursouflure rouge. Docteur C. était ravi. Nous allons devoir trouver un moyen de discipliner notre sujet, sinon il deviendra vite un obstacle pour nous. Je suis un petit peu inquiet car Docteur C. a invité d'autres chercheurs à venir voir notre sujet. Je ne veux pas qu'ils nous volent nos idées, j'ai travaillé trop dur pour ça. Après tous les sacrifices que j'ai fait je ne peux pas les laisser nous le voler. Il est notre travail, notre création.
Entrée n° ???
Ils ont essayé de nous le prendre ! Mais je ne me suis pas laissé faire. J'ai libéré le sujet qui les a attaqué. Mais il a mis le feu au laboratoire. J'écris ces derniers mots en espérant que quelqu'un pourra les trouver pour ma femme et mon fils. Je vous aime de tout mon cœur. Je voudrais pouvoir sortir, mais dans sa fureur, le sujet m'a brisé les jambes. Les flammes sont de plus en plus chaudes et je me sens partir. Mais je meurs heureux. Mon œuvre est achevée...
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Je cours hors du bâtiment en flammes. La fumée me brûle les poumons. De l'air. Il me faut de l'air. Je cours encore, les yeux fermés, le souffle court, jusqu'à ce que je trébuche. Je me sens partir en avant, rouler un moment parmi les buissons, avant de finir dans un ruisseau d'eau fraîche. J'y bois jusqu'à n'en plus pouvoir. Je trempe mes bras brûlés, et la douleur emplit mes yeux de larmes. Peu à peu, en soufflant, je sens la souffrance refluer et les battements de mon cœur ralentir. J'arrive enfin à ouvrir les yeux, et la lumière m'éblouit un instant. Une lumière diffuse, douce, apaisante et mélancolique. Je lève la tête. Le ciel est gris. D'un gris velouté, charbonneux par endroits, profond, complexe, chargé de promesses, ne tenant plus d'abreuver la terre de son eau. Et déjà je sens sur ma joue une goutte froide. Je me perds un instant dans le gris du ciel, et je sens naître en moi un amour éperdu pour cette immensité. Naître ou renaître. Je ne peux dire. Mon plus vieux souvenir est une sensation, une rage infinie lorsque les flammes explosent dans le laboratoire.
Mes sensations reviennent avec la pluie, et bientôt je me mets à douter. Le brasier a dû attirer d'autres gens. Je ne peux pas rester ici. Je me lève tant bien que mal et fonce sans réfléchir vers une énorme bois vert émeraude devant moi. Je me réfugie sous les frondaisons, alors que la pluie légère se transforme en violentes trombes d'eau. L'odeur de l'humus mouillé m'emplit, m'enivre. Une joie immense naît doucement en moi, mêlée à un espoir. Un espoir qui porte le nom de liberté. Et sous les branches protectrices de ces arbres, sous la colère salvatrice de l'orage, je fais une promesse. Ou plutôt je fais un choix. Je choisis ce ciel gris et ces arbres centenaires. Je choisis l'humus et la boue. Je choisis la flamme et la lumière. Je choisis la liberté. J'avance d'un pas, désormais emprunt d'une sérénité euphorique. Même si je ne m'en souviens pas, je sais dans mon âme qu'ils ont voulu faire de moi un phénix noir. Je lève les yeux, je regarde le ciel et je choisis. Je serai un phénix gris. J'ai brûlé. Désormais je renais. Regardant droit devant, j'avance, décidé mais serein.
J'aurais erré longtemps si une petite vieille ne m'avait pas trouvé quelques heures plus tard, cherchant un chemin que je ne pouvais pas connaître. Une petite vieille dont la voix rauque et les manières brusques m'ont tout de suite plu. Je n'ai réalisé que bien plus tard que si cette petite vieille avait été mauvaise, j'aurais irrémédiablement haï le genre humain. Mais au contraire, elle m'a donné envie de connaître et de découvrir. J'étais la première personne qu'elle rencontrait depuis plusieurs années. Elle était une ermite qui ne vivait que pour soigner sa forêt. Une pensée simple, un verbe clair et direct. Une femme vraie. Je me rends compte aujourd'hui que sa simplicité m'a aidé. Elle m'a donné des repères, une base solide sur laquelle je pouvais me reconstruire. A mesure que j'apprenais les secrets de la préparation des onguents et des élixirs auprès d'elle, une certitude naquit en moi. Il n'y a aucun hasard, il n'y a que des opportunités. Et celle que cette petite vieille dont je n'ai jamais su le prénom me proposait, je n'ai pas pensé un seul instant la refuser. Elle m'offrait une chance, et sans le savoir, elle m'offrait un renouveau, une envie. Une volonté. Je suis resté auprès d'elle plusieurs mois durant. Le temps filait, et peu à peu je me suis construit des souvenirs, heureux et simples, des premiers temps de ma vie retrouvée.
Un jour apparemment comme les autres, à mon réveil, je trouvai la cahute vide. La vieille était partie ou plutôt semblait n'avoir jamais été là. Qu'elle ait été un rêve nécessaire ou un ange gardien, je savais qu'elle m'avait aidé plus que je n'aurais pu l'espérer. Sur la table je trouvai quelques papiers auprès d'un sac de voyage rempli du nécessaire. Il apparut que je savais lire, et, parcourant rapidement les documents, je réalisai qu'il s'agissait de restes de l'incendie du laboratoire, des restes qui indiquaient des pistes que désormais je pouvais suivre. Et c'est ce que je fis. Sans perdre de temps, sans me retourner, ne laissant derrière moi qu'une profonde gratitude, je me mis à marcher, et depuis je n'ai pas cessé. Bien sûr je me suis arrêté. Dans un village puis deux. Afin d'aider un petit garçon perdu. Pour sentir l'air et regarder le ciel. Pour dormir sous les étoiles et me perdre dans les ombres joyeuses d'un feu de camp. Aussi lorsque je suis arrivé au bout des pistes, que j'ai retrouvé ce que j'ai compris être le village de mon enfance. De toutes ces marches j'ai grandi. J'ai appris plus que je n'aurai cru. J'ai observé, tant la nature que les gens. J'ai vu leurs défauts, j'ai appris à les aimer, si bien qu'aujourd'hui quand je vois quelqu'un je le salue. Parce que j'aime ça et que ça étonne les gens. Et un jour quelqu'un m'a demandé mon nom. Hésitant un instant, le cœur battant devant l'inconnu, une fois encore j'ai choisi. Et j'ai répondu :
« Je m'appelle Grey. »
Métier : médecin, aventurier
Capacités : régénération et endurance supérieures à la normale, capacité à percevoir la douleur d'autrui et de savoir comment la soigner
Qualités : calme, optimiste, altruiste, esprit critique très développé
Défaut : très secret, extrêmement indépendant, manque de patience (parfois)
Armes : bâton de combat, pistolet
Aime : le ciel, les étoiles, le soleil, les couleurs, lire, préparer des onguents et surtout le chocolat
Déteste : les machines qui ne fonctionnent pas, la mauvaise foi, le désordre, et les gens qui ne respectent pas la nature
Souhaite : une vie simple, heureuse, une aventure pourquoi pas, toujours apprendre et avancer, aimer et être aimé
Photos :
Entête de Dark Photographie
Bannière de Bloodchip Photographies
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