• Le boudoir

    Le boudoir

    Tu avais fait venir des ouvriers de ton père. Tu avais longtemps discuté avec eux, tu avais même dessiné les plans à leurs côtés. Tu avais été claire et précise dans tes descriptions, mais comme le disait si bien ton père, on est jamais mieux servie que par soi-même. C'est pour cela que jamais tu n'avais demandé à ce qu'on te rende un service, tu t'étais toujours attachée à faire tes besognes sans aides, et cela avait toujours payé. Mais pour des travaux de ce types, tu ne voulais pas abîmer tes pauvres mains, elles étaient utiles à bien d'autres choses. Tu avais donc gardé la surprise de l'aménagement de la salle qu'on t'avait donné. Bien entendu, si les décorateurs avaient eu des fautes de goûts, tu ne te serais pas gênée pour modifier le tout, et leurs remonter les bretelles.

     

    Tu t'étais donc arrêtée devant la double porte de ton boudoir. Elle était en bois massif, les ébénistes avaient fait un merveilleux travail de sculpture sur cette porte, tu devais le reconnaître. Mais tu n'en attendais pas moins des ouvriers engagés par ton père… Cependant le plus dur restait à faire, tu avais peur de ce qu'ils avaient bien pu faire de tes directives. Tu pris une grande inspiration avant d'ouvrir ses deux grandes et lourdes portes. Mais ce qui apparut sous tes yeux te ravit. Tu fis quelques pas en avant, sentant la douce différence de niveau entre le sol du couloir et le parquet de ton boudoir. Il ne devait pas y avoir plus de deux centimètres de différence, mais la pente était si douce qu'on ne la sentait presque pas. Tu souris, ravie de voir le parquet en bois d'ébène, définitivement trop sombre, mais qui donnait un petit quelque chose dans la salle.

     

    Tu restas dans l'entrée avant de poser ton regard sur tout le côté droit de la pièce. Il y avait tout d'abord un canapé baroque dans l'angle de la pièce, des coussins dont les tons étaient foncés avec l'armature du meuble fait d'un bois blanc. Tu remarquas ensuite que presque l'intégralité des fauteuils de la pièce étaient faits ainsi. Une armature en bois blanc et des coussins foncés, allant du brun au noir, en passant par un bleu relativement sombre. De petites touches de couleurs qui ne gênaient en rien l'harmonie de la pièce. Bref, tu revins au côté droit du boudoir. Longeant le mur, tu trouvas une commode avec cinq rangées de tiroirs, tu imaginais d’ores et déjà qu'ils étaient emplis de tes affaires… Le bois de la commode était également blanc, et sur le meuble on pouvait trouver un service à thé exotique, relativement joli. Au-dessus du même meuble, tu reconnus une réplique de Basile, elle était belle, elle aussi. Et encore au dessus de Basile, tu trouvais ce qui te semblait être la pièce la plus impressionnante du boudoir, il s'agissait d'un bois de cerf, qui servait de perchoir à Écrou, qui y avait trouvé sa juste place. Ton père possédait l'autre, exposé dans l'entrée de votre manoir. Pour finir sur ce côté, tu vis un second canapé baroque, dans l'angle, dont la tête se trouvait près de la fenêtre. C'était sans doute dans celui-ci qui tu irais dormir…

     

    Tu étais relativement satisfaite de ce côté du boudoir, tu espérais l'être autant pour le reste. Tu décidas alors de faire ton inspection sur le centre de la pièce. Il y avait une table basse en ébène, avec un autre service à thé posé dessus, entourée par six fauteuils qui avaient l'air relativement confortables. Rien que de les voir tu n'avais qu'une envie, boire le thé dans l'un d'eux. Les fauteuils étaient disposés de sorte que toutes les personnes assises puissent se voir, en une espèce d'ovale autour de cette jolie table basse, dont les pieds étaient élégamment taillés. Au fond de la pièce, entre les deux grandes fenêtres, on trouve un guéridon encadré par deux fauteuils. Les fenêtres étaient habillées par d'épais rideaux bruns avec des broderies nacrées. Sur ce guéridon, tu pouvais voir un vase avec un bouquet de fleur, plutôt neutre et qui apaisait davantage la pièce. Cette touche florale te fit sourire, tu ne t'attendais pas à cela, les décorateurs avaient bon goûts.

     

    Il ne te restais plus que la partie gauche du boudoir à inspecter, et tout serait parfait. Tu remarquas d'abord que la double porte semblait moins centrée de l'intérieur du boudoir. En effet, tu avais fait faire une armoire relativement profonde pour y ranger la plupart de tes robes. Mais ceci ne gênait en rien finalement… Dans le coin, il y avait un fauteuil. Les décorateurs avaient déposé la tapisserie des murs sur les portes de l'armoire, faisant un effet de trompe-l’œil plutôt agréable. La tapisserie était remarquable. Sur le premier tiers de la hauteur du mur, tu trouvais une imitation du parquet, qui semblait faire grandir la pièce, sur les deux tiers restants du mur on avait une teinte plus douce, dans les tons de beige qui ne faisaient qu'adoucir ta salle. Tu avanças dans la pièce, t'assurant que cette armoire ne fasse pas la largeur du boudoir. Mais ton sourire devins immense lorsque tu remarquas le paravent posé dans l'allongement de l'armoire. Tu hésitas un instant à applaudir pour toi-même, sachant déjà ce qu'il se trouvait derrière ce paravent qui restait dans les tons de ta salle. Tu te pinças les lèvres avant de déplacer le paravent pour voir ton bien le plus précieux. Tu vis alors ta baignoire en cuivre, couverte avec soin. Tu posas ta main contre le métal, sentant qu'il était chaud tu jubilais en comprenant que la baignoire était remplie d'eau chaude. Tu vins alors vérifier l'étanchéité de sa couverture, une bâche solidement attachée, munie d'une fermeture éclair, la séparant en deux par la même occasion. Tu te doutais alors que tu ne devais pas retirer cette bâche, mais plutôt la laisser en place, l'ouvrir et te glisser dedans. Espérant qu'elle te laisse tout de même un peu de liberté de mouvement, tu ouvris la bâche, enchantée de voir de la fumée en sortir. Tu refermas la protection, plus que satisfaite de ce que les ouvriers avaient fait, voyant une note, tu compris qu'il s'agissait du mode d'emploi du changement d'eau et du remplissage de ta baignoire.

     

    Ceci-dit, cette chose-là, tu te pencherais dessus une autre fois. Cette salle t'était tout bonnement parfaite.  


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