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Paiement sucré
Un grand boom retentit. Fenrir leva le nez de son projet, regarda son plafond et se reconcentra sur les pièces qu'elle était en train de travailler comme si rien ne s'était passé. Ce devait être encore Kasai qui avait testé une nouvelle invention. Rien d'anormal en somme. Les explosions étaient fréquentes sur le bateau, alors aucun moyen de s’inquiéter. Si ce n'était pas Kasai, c'était la mécano', si ce n'était pas la mécano' c'était Kasai. Un cercle vicieux. Un jour il faudrait tenir les comptes de qui fait exploser quoi et quand. Mais pour le moment, peu importait. Fenrir était occupée à autre chose et l'artilleur pouvait bien se débrouiller seul.
Pourtant quelle ne fut pas sa surprise quand une tête autre que celle de Kasai passa la porte :
-Hum euh … Fenrir ?
La mécano', alors dos à la porte sursauta légèrement, cette voix... Elle n'en revenait pas … Crowley était descendu dans les recoins sombres de la cale … Oooh, ça devait puer le problème ça. L'interpellée se retourna et avisa le cuisinier. Le visage noir de suie et un sourire franchement gêné sur le visage, il continua :
-Euh .. Tu...Tu crois que tu pourrais m'aider ?
Fenrir se mit à rire de bon cœur, avec une tête pareille, impossible de lui refuser quelque chose, elle se leva et dit :
-Qu'est ce que je peux faire pour toi ?
-Et bien en fait … J'ai un four qui a explosé …
La mécano' se stoppa … Un four … Mais qu'est ce qu'il pouvait bien faire cuire pour faire exploser un four se disait la jeune femme.
-J'arrive !
Elle se dirigea vers son « bureau », se mit à quatre pattes dessous, trifouilla dans une grande boite de fer et se releva, trois paquets à la main, un de vis, un de boulon et un troisième de plaque de cuivre. Elle fit signe à Crowley d'y aller et les voilà tous les deux partis en direction des cuisines.
Arrivés dans la salle, une agréable odeur de sucré aurait pu ravir les narines si une immonde fumée noire n'avait pas commencé à la masquer.
Au milieu de la salle, un des deux fours principaux vomissait un panache noir d'encre qui s'accumulait au plafond. Devant une telle scène, Fenrir leva un sourcil et s'adressa à son ami :
-Tu as fait cramer quelque chose ?
Bien sûr, elle ne croyait absolument pas à cette hypothèse. Crowley était un excellent cuisinier la plupart du temps … Bien que des fois ses plats avaient des goûts … Originaux. Mais là n'était pas la question, la mécano s’avança donc vers le four fumant et l'ouvrit : une grande bouffée noire colora alors le visage de la jeune fille. Elle toussota et passa la tête dans le four. Elle en ressorti complètement noir. Crowley ne put s’empêcher de rire, Fenrir grogna un petit peu et eu un sourire sadique :
-Tu te moques de moi ? Hehehe, alors on va faire un deal, je te répare ton four si tu me donnes trois de tes cookies bien chaud que je vois la bas, avec un verre de lait, ça te va ?
La mécano tendit sa main noire de suie et sourit. Le cuisinier lui sourit en retour et lui serra la main. L'accord était passé.
Alors, ni une ni deux, Fenrir replongea dans le four quelques vices et boulons en main. Le travail commençait. Son labeur ne dura que quelques minutes et ne fut pas d'une grande difficulté.
-Voiiila ! Terminé ! C'était une vis qui avait sauté, rien n'a été endommagé et je te l'ai remplacé. Aah, la magie de la mécanique, un rien peu tout foutre en l'air … C'est fascinant non ?
Fenrir s'essuyait nonchalamment les mains dans un des tissus pourpres qui pendait à sa ceinture. Crowley, dont seul l'alchimie de la Cuisine fascinait la regarda avec un air indéchiffrable.
La mécano' capitula :
-Oui, bon d'accord, chacun son domaine. Mais il n'empêche, mon travail est terminé ! Je peux avoir mes cookies ?
Une étincelle de pure gourmandise brillait dans son regard... il faut dire que les cookies de Crowley sont vraiment savoureux.
Le cuisinier eut un petit sourire résigné et lui tendit les friandises, un sourire dont seul lui avait le secret, à la fois doux, conciliant et un petit peu gêné, ce sourire avait quelque chose de mystérieux. Crowley était quelqu'un de très secret, impossible de savoir ce qu'il pensait réellement et pourtant, il était toujours là fidèle au poste au côté de Mirayhu, à la fois proche et distant.
Le jeune fille attrapa sa récompense et huma le fumet des gâteaux avec délice.
-Ils ont l'air aussi bon que d'habitude. Repètes un four quand tu veux ! Si je peux me faire payer avec ça, je suis preneuse !
Le cuisinier lui fit un petit signe de la main et glissa un merci dans le vent tandis que la mécano' s'éloignait, un biscuit déjà dans la bouche.
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