• Relève-toi

    FenrirRelève-toi

     

    Une colère sourde, un mal de tête impressionnant et une faim insatiable. Voilà dans quel état était Fenrir après avoir quitté l'auberge où elle avait passé la nuit avec une inconnue. Après s'être faite rouler dans la farine comme la débutante qu'elle était. Les sourcils froncés et la mine renfrognée, la mécano enfonça ses mains dans les poches de son sarouel avant de s'engager dans une ruelle quelconque. Inlassablement, elle repensait à sa catastrophique soirée. Une honte sans nom colorait ses joues. La Pirate avait sa fierté et elle venait d'être largement piétinée. Cette inconnue avait fait miroiter l'espoir sous ses yeux sans jamais lui laisser l'opportunité de s'en saisir. Elle avait mené la danse. De plus, la petite remarque sur sa virginité l'avait blessée. Elle se sentait comme une enfant à qui on avait dit qu'elle était loin d'atteindre l'âge adulte. Fenrir se sentait surtout trahie. Et c'était bien cela qui la mettait le plus en colère. La succube avait l'air d'en savoir tellement. Jusqu'à son nom. Alors qu'elle tournait inlassablement en rond. Perdue dans les méandres du doute et des questions sans réponse. A cette pensée, la Pirate sentit ses muscles se contracter et sa mâchoire se serrer. Une folle envie de frapper quelque chose ou quelqu'un la prit. Elle se demanda si Kasai n'était pas dans le coin pour ainsi pouvoir aller lui chercher des noises, l'énerver autant qu'elle l'était et qu'ils se lancent dans un affrontement purement inutile duquel ils ressortiraient tous les deux bons pour une visite chez Grey.

    - Paye ta dette sale crevard !

    Un « boom » retentit alors qu'un homme venait de s’écraser contre le mur à quelques mètres d'elle. Un groupe de trois hommes costauds s'approcha, l'air menaçant. Fenrir jeta un œil sur l'homme à terre qui tremblait de peur et se mettait maintenant à supplier, le front presque au sol, implorant.

    - S'il vous plaît, messieurs, juste quelques semaines de plus, je vous en supplie.

    La colère de la Pirate monta encore d'un cran alors qu'un sourire mauvais naissait sur son visage. Les trois hommes s'approchèrent encore du pauvre acculé, l'un d'eux le prit par le col et le souleva de terre, le regard sombre. Son poing se leva et alors que lui abaissait le sien, un autre s'écrasa sur sa joue. Plus de surprise que de douleur, l'homme lâcha sa proie pour se tourner vers une mécano au sourire méprisant.

    - Même plus besoin de chercher Kasai ! S'écria-t-elle avant de jeter une nouvelle fois son poing dans le nez de son opposant.

    Une bataille féroce et déséquilibrée s'ensuivit. Rapidement, Fenrir dût se munir d'armes de fortune pour éviter d'être noyée sous les coups de ses trois opposants. Déjà son arcade sourcilière et son nez n'étaient plus qu'une vague tâche rouge. Un outil lourd dans chaque main elle distribuait les baffes avec un plaisir non dissimulé. Son tromblon était resté à sa ceinture tout comme ceux de ses adversaires. D'un silencieux accord, ils avaient opté pour un combat non mortel vu que chacun s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

    La bataille ne fut ni longue ni vraiment sanglante. Juste douloureuse. Et déjà les opposants se séparèrent, un groupe partant dans un sens tandis que l'autre restait sur place. Fenrir, haletante et quelque peu sonnée, ne s'était pas départie de son sourire et un soupir satisfait passa ses lèvres.

    - Ça fait un bien fou !

    Elle s'étira en faisant craquer son dos. C'est ce moment que l'acculé choisit pour rappeler sa présence en attrapant la main de la mécano.

    - Merci mademoiselle pour cette aide opportune, vous m'avez sauvé. Que puis je faire pour vous remercier ?

    La voix mielleuse et le fait qu'il soit toujours à genoux ralluma le feu de la colère de Fenrir qui retira violemment sa main avant de le prendre par le col et de le remettre sur ses pieds sans une once de douceur.

    - Tu vas commencer par agir comme un homme, raclure. Arrête de traîner dans la boue, je déteste ça et va payer tes dettes !

    La rage grondait dans sa voix.

    - Je ne t'ai pas sauvé, je suis juste passée par ici et j'avais besoin de taper sur quelque chose. Alors casse toi avant que l'envie ne me reprenne !

    La tête que tira alors l'homme avant de déguerpir aurait pu faire rire n'importe qui et pourtant Fenrir resta de marbre. Ses propres paroles faisaient écho à sa situation. Elle aussi devait se relever et avancer. Elle releva la tête et inspira un grand coup, laissant la chaleur du quartier d'Artès la glisser sur son visage, le matin se levait à peine mais déjà les cheminées des forges fumaient et les machines vrombissaient. La pirate se demanda si ce quartier dormait quelques fois... Un sourire naquit sur ses lèvres. Non, sûrement pas ou peu. Comme elle, les inventeurs en devenir préféraient s'étioler sur une machine qui ne servira probablement à rien que de perdre du temps à fermer l’œil. S'occuper pour ne pas sombrer.

    Elle se sentait à sa place.


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