• Souvenir Rugissant

     Fenrir Souvenir Rugissant

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    Le Rhum n'était pas exquis dans la région ...  Et un Rhum pas super ouvre de nouvelles portes ! Et ce soir, la porte de l'Hydromel s'était ouverte. Et pas qu'un peu. L'hydromel, sans être une spécialité, était très bon ... Devenant peut-être la seconde boisson favorite de Fenrir. Après le Rhum, bien sûr.

    La mécano' n'avait finalement fait qu'un seul bar mais n'en était pas mécontente. Un bar qui puait l'escroc, un bar où elle se sentait à sa place.

    Mais l'heure de finir son rêve était venue ... Enfin, c'est surtout qu'elle ne pouvait plus attendre pour compter ce qu'elle avait amassé lors du bal. De retour sur le navire, la pirate jubilait.

    Arrivée sur pont maintenant vide, la mécano avisa la pair de chaussure et l'ombrelle qui traînait au pied d'un mat et eut un sourire :

    -Valorah doit avoir un peu bu pour oublier ses fringues ici ...

    Fenrir rejoignit alors sa salle des machines, s'assit à même le plancher, comme souvent, et vida son butin sur le sol. Le tintement des pièces les une contre les autres était exquis.

    La mécano frétillait de joie devant l'amoncellement de tout cet or, puis un éclat autre que le jaune caractéristique lui attira l'œil. Un éclat vert.

    Une pointe de peur s'immisça dans l'esprit de la pirate. Elle retint son souffle et tendit fébrilement la main vers l'objet émeraude. La pointe de peur se mu en peur panique. L'objet en question était une vis. Une vis verte. Une vis en Algae. Une vis pleine de souvenirs, une vis à l'origine d'une histoire. La sienne. Celle de la gamine maudite, l'enfant brisée qu'avait été Fenrir.

    L'enfant brisée qu'était toujours Fenrir.

    Délaissant son butin, la mécano se saisit de ladite vis et l'observa, le regard déchiré entre la rage et la tristesse.

    Finalement, ce fut la douleur.

    Une boule se forma au creux de son estomac, déformant ses traits, crispant ses lèvres.

    Les rires, l'émerveillement, le plaisir.

    La boule remonta dans sa gorge, lui coupant le souffle.

    L'explosion, la chute, l'impact.

    Puis la boule explosa, libérant une larme, puis une autre.

    Le feu, le sang. La Mort.

    Un flot continu coulait maintenant sur les joues de la jeune fille.

    Comme une gigantesque vague qui balaye tout, un flot de souvenirs jaillit, balayant les instants de bonheur qu'elle avait pût passer jusque là. Tout s'était terni face à ce retour en force de la Douleur.

    La pirate poussa alors un long cri silencieux. Si la Douleur pouvait être atténuée grâce à un hurlement, Fenrir se serait arrachée les cordes vocales.

    Et puis … Les autres ne devaient pas la voir comme ça … Jamais.

    Tout lui revint en mémoire, l'odeur des cheveux de sa mère brûlant, la vue du corps de son père brisé, le rejet de tous. Sa fuite, son isolement, ses larmes.

    Ces gouttes d'eau salées qui, même au travers des âges, n'avaient pas changé. Ces petites gouttes de rancœur, de tristesse, de douleur.

    Les bons moments avaient un goût de culpabilité.

    Fenrir se laissa tomber au sol et se recroquevilla sur elle-même, serrant la vis dans son point et contre son cœur. Ses parents lui manquaient terriblement. Il y avait tellement de choses qu'elle n'avait pas vécue.

    Se faisant toujours plus petite sur le plancher de sa grande salle des machines, ses sanglots redoublèrent.

    Sa poitrine était douloureuse, elle tremblait.

    Elle pleura encore quelques instants, essayant de recoller les lambeaux de son cœur et de son âme.

    Enfin les larmes se tarirent, laissant qu'un regard vide fixé sur un point invisible.

    Puis la mécano' s'endormit. Toujours en position fœtal, la vis contre le cœur.

    Elle se réveilla plus tard, les yeux rougis et enflés par les larmes, les cheveux plus en bataille que jamais et le poing serré sur l'objet de sa tourmente.

    La pirate se releva, s'assit sur le sol, regarda la vis verte encore une fois et se trouva ridicule. A quoi bon pleurer sur le passé ? Il faut avancer, seul l'Avenir compte.

    Pourtant, après la Douleur et la Tristesse, le doute l'assaillit. Que faisait cette vis dans les poches d'un nobliau ? Elles étaient uniques et créées spécialement pour le Celsior, elles portaient malheurs.

    Cette vis ressemblait étrangement à un trophée. Le souvenir d'un exploit … Sinon, pourquoi garder dans sa bourse un objet à l'origine d'un désastre ?

    Un goût amer lui envahit la bouche. Ce n'était pas un accident … C'était une machination … Elle en était persuadée.

    Mais alors, Pourquoi le Celsior? Contre qui ? Comment ? Dans quel but ?

    A défaut d'une vengeance, Fenrir ne voulait plus que des réponses.

     


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