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Syvyys
Le repas fut étonnamment bon ce midi, le ciel, sans nuage, était d'une clarté bienveillante, une brise fraîche balayait le pont. Les pirates de L'Elian somnolaient au soleil ou vaquaient à des occupations simples et qui ne demandaient pas d'effort. La vie était, à cet instant, un long fleuve tranquille. Pourtant, une vague vint chambouler tout ça et un hurlement retentit :
-STOOOOOOOP !!!
Un cri venant des fins fonds de la cale rebondit sur les murs et fit sursauter les membres assoupis sur le pont.
Lucky réagit au quart de tour et déjà il entamait la manœuvre qui permettait au bâtiment de s'arrêter.
Une fois le navire immobilisé, Fenrir, sa fidèle clé sur le dos suivit de Crowley qui s'essuyait les mains nonchalamment sur un torchon mouillé, apparurent sur le pont.
Tous avaient reconnu le beuglement spécifique de la mécano' et se demandaient se qu'il pouvait bien se passer.
Fenrir passa devant eux, décrocha son outils de sur son dos, le posa contre le bastingage, lança un regard indéchiffrable aux pirates et, sans un mot, sauta par dessus bord.
Nef se pencha vers Grey et dit :
- Elle aurait dû venir me parler, j'aurai pût l'aider ...
Grey, choqué, ne répondit rien.
Rapidement un silence de mort s'installa sur le pont. "Pourquoi ?" Était la seule question qui venait aux esprits.
Puis un "plouf" sonore retentit. Comme sortant de leur torpeur, les pirates se précipitèrent sur le bastingage et avisèrent la mécano' qui nageait tranquillement au milieu d'un océan aux eaux particulièrement claires.
-Mais t'es complètement timbrée ma parole ! Cria Dairiun en direction de Fenrir
-Si on était descendu un tout petit peu plus, on aurai explosé !
-Tch, pas faux, dit Kasai en se détournant pour partir vers son labo.
Finalement tous le suivirent et la jeune fille se retrouva seule au milieu de l'océan et sous L'Elian qui restait suspendu quelques mètres au dessus des flots.
- Je l'ai pas volé celle là ... Comment je vais me démerder pour remonter ?
La solution vint toute seule, Mirahyu réapparue avec une corde qu'elle lança par dessus bord, un petit sourire complice sur le visage.
Une fois à bord, l'archéologue lui glissa à l'oreille :
-C'était quand même bien joué, on retiendra la leçon pour le coup.
Elle eu un petit clin d’œil pour la mécano', celle-ci lui répondu par un sourire. Et la vie reprit son cours à bord et chacun reprit ses activités. L'équipage choisi de profiter de la mer et de la situation, un vent chaud et la mer bleue et calme, un petit moment de répis juste pour aujourd'hui. Une journée de farniente. Fenrir, enfin sèche et Mirahyu, appuyées sur le bastingage laissaient le vent leur caresser le visage. Soudain l'archéologue pointa le doigt devant elle, les yeux brillants et le sourire aux lèvres :
-Regarde ! Regarde la ! Y'a une ville ! Une ville sous l'eau !!
La mécano', complètement déboussolée ne vit absolument rien, se qui désola un petit peu Mirayhu, mais Grey, qui arriva à point nommé, comprit de quoi l'archéologue parlait.
-Mais si Fenrir, là, droit devant, on voit un point brillant sous l'eau.
La mécano' plissa les yeux et fixa son regard sur l’endroit que pointait du doigt le docteur. Là, il apparu, le petit point blanc qui scintillait sous les flots. Mirayhu l'identifia comme la flèche d'une église d'un temps révolu.
Au moment où l'archéologue se rendit compte de ça, une irrépressible envie d'en savoir plus s'empara d'elle. Elle devait descendre !
Elle se tourna vers Fenrir, les yeux brillants :
-Diiiiiiis … On peut y alleeeeer ?
La concerné leva un sourcil :
-Bah, tu n'as pas besoin de mon autorisation …
-Non non ! On peut y aller ensemble ?
Mirayhu avait le sourire de l'enfant qui obtiendrait forcement ce qu'il demande, ce sourire candide auquel on ne peut rien refuser. Et comme prévu, ça fonctionna :
-D'accord, attend j'arrive.
Grey, une pointe de curiosité dans la voix demanda alors :
-Je peux venir avec vous ? Ca m’intéresse bien tout ça...
-Bien sûr, aucun problème ! Attendez moi !
La mécano' disparut dans l'escalier qui menait à sa salle des machines puis réapparut quelques minute plus tard avec trois grandes fioles qui paraissaient vides, des tuyaux souples et trois bocaux à poisson rouge. Neir, qui passait par là, lui jeta un regard interrogateur auquel Fenrir répondit par un grand sourire. Elle rejoignit avec tout son matériel Mirayhu et Grey, s'installa en tailleur sur le pont et commença son bidouillage.
Grey, curieux se pencha par dessus l'épaule de la mécano' et dit :
-Et ça va nous servir à quoi tout ça ?
-Bah, à respirer. Le sourire de Fenrir s’agrandit .
L'archéologue sautillait de joie. Dix minutes plus tard, les scaphandres improvisés étaient prêt. Deux tuyaux faisaient la liaison entre la fiole et le bocal à poisson rouge, qui n'en était pas un puisqu'il était fermé par une membrane en caoutchouc percée en son centre. Il n'en avait finalement que la forme.
-Mais qu'est ce que tu veux faire avec ça concrètement, Fenrir ?
-C'est de l'oxygène !! J'en ai récupéré il y a longtemps en me disant que ça servirait peut-être et nous y voilà !
Fenrir jubilait, elle avait envie de tester cette nouvelle invention. Elle ne se fit pas attendre plus longtemps et fixa la bonbonne dans son dos grâce à une ceinture. Le visage souriant, elle attrapa le bocal à poisson et se l'enfonça sur la tête avec un disgracieux « shtonk ». Elle était fin prête et ridicule, Dairiun, qui passait par là, ne se gêna pas pour lui faire remarquer. La mécano lui tira la langue de façon complètement immature au travers de son scaphandre et plongea. Grey et Mirayhu s'équipèrent à leur tour et plongèrent. L'eau était exquise et si belle. Les trois compagnons se mirent sur le dos et observèrent le navire qui flottait paresseusement au-dessus d'eux. La figure de proue les dominait complètement, l'immense dragon de fer et de métal semblait porter L'Elian de ses ailes déployées tandis que sa queue parcourait la coque de la proue à la poupe. Fenrir eu un sourire franc … Elle était fière de cet équipage et de ce bateau. Mais elle n'eut pas le loisir de s'extasier plus, Mirayhu vint lui tapoter sur l'épaule en disant :
-On y va ?
Ses yeux brillants encore plus que lorsqu'elle était sur le bateau. Son impatiente était palpable. Il était temps de plonger ! Mais avant ça, Fenrir prit la parole :
-Sous l'eau on ne pourra plus communiquer, donc je propose qu'on reste groupé pour éviter les ennuies … Bien que je ne pense pas qu'on en rencontre …
Ses deux amis acquiescèrent et tout trois plongèrent enfin. Dès que l'eau recouvrit complètement le bocal de la mécano', celle-ci eu un petit moment de panique … Et si ça fonctionnait pas ? Pourtant, force de constater (parce qu'il fallait bien qu'elle respire un moment ou un autre) que tout allait bien. Son système avait fonctionné, tout était parfait. Le trio pouvait maintenant partir à la découverte de cette ville engloutie.
Ville qui s'étendait sous leurs yeux. Le point qu'ils avait repéré depuis la surface de l'eau était bien une église. Mirayhu ne tenait plus en place et nageait à vive allure ; Grey suivait un petit sourire aux lèvres, il avait l'impression d'être avec un enfant devant un cadeau bien emballé.
L'archéologue se baladait dans les rues, jetant des regards à chaque vitrine comme une dame avec des projets d'achats. Grey, très intéressé aussi, la suivait dans cette ville silencieuse. Puis après la grande rue commerçante que le trio venait de parcourir, un grand quartier résidentiel s'étendait sous leurs yeux. Des bancs de poissons multicolores se baladaient dans les parcs maintenant remplis d'algues de toutes sortes qui se balançaient au gré des courants. Au dessus des toits, d'immenses raies nageaient élégamment. Fenrir, vaguement intéressée par l'histoire de cette ville, s'émerveillait de tout et n'importe et n'importe quoi. Telle une enfant elle passait d'un lampadaire où plusieurs étoiles de mer s'étaient agglutinées à une fenêtre couverte de coquillage dont elle ignorait le nom. Grey l'observait d'un œil amusé tout en suivant Mirayhu qui fonçait et se faufilait partout. Elle entrait dans une maison familiale, fouillait un petit peu puis ressortait pour entrer dans une nouvelle maison au gabarit différent. La jeune archéologue se « renseignait », comme elle aimait le dire, sur la façon dont vivaient les gens avant que la ville ne soit engloutit. Grey, quant à lui s’émerveillait de l'architecture de cette ville qui avait du être merveilleuse avant de finir sous les flots : ces grandes rues pavés, les toits bas, les avenues larges, cette ville devait être très agréable à vivre et lumineuse. Elle avait l'air d'être à la pointe de la technologie de son époque.
Mirayhu, en se baladant se trouva au pied d'une grande battisse blanc qui semblait au centre de la ville … Sûrement un bâtiment administratif. La jeune archéologue s'y engouffra s'en faire attention à ce qu'il pouvait bien se passer autour d'elle et commença à fouiller partout où elle pouvait. Sur les panneaux administratif elle lisait « La foire de Syvyys aura lieux dans le parc Cipran » ou encore « Le maire de Syvyys vous souhaite la bonne année ! » La jeune fille en conclut sans aucune difficulté que la ville s'appelait Syvyys. Elle continua son inspection. Pendant ce temps, Grey se baladait au dessus des toits recouverts de quelques coquillages aux noms imprononçables. Le calme environnant avait quelque chose de mystique, les reflets du soleil se matérialisaient sous forme de traits verts sur le fond bleu de l'océan.
De son coté la mécano continuait son chemin et trouva, par hasard et pour son plus grand plaisir, un garage. Enfin … Fenrir le vit comme un garage ou peut-être une forge ? Ou un atelier ? Elle n’en savait rien mais elle était aux anges, des machines de toutes sortes croulaient sous les algues. Cette ville sous-marine était en avance sur temps. La mécano’ nagea entre les différentes machines et découvrit des objets plus insolites les uns que les autres. Elle se concentra notamment sur une automobile qui ressemblait de loin à une automobile. Quelque chose clochait sur celle-ci. Une protubérance impressionnante était vissée au toit de l’engin. Fenrir observa en profondeur la chose qui s’avéra être un propulseur. Un petit propulseur qui donnait de grandes idées. La pirate avait le sourire jusqu’au oreilles.
Tandis ce que Fenrir se baladait, Grey commença une ascension vers le clocher qui avait permit de repérer la ville sous-marine.
Haut et beau, ce clocher avait quelque chose d’impressionnant. Pourtant Grey se désintéressa bien vite du clocher en lui même pour se concentrer sur un symbole gravé dans la pierre. Deux anges aux yeux bandés qui se tournaient le dos. Le jeune médecin tiqua devant la gravure mais son regard fut vite attiré par une bouteille. Un codex qui n’avait rien à faire là. Un codex qui comportait un message. Un codex qui attendait qu’on la prenne. Alors Grey s’en empara dans un élan de curiosité. Peut-être est ce que ça aurai un lien avec les deux anges.
Le jeune médecin se retourna dans le but de rejoindre les deux filles mais ce sont celles-ci qui arrivaient vers lui à une vitesse folle.
Grey sourit doucement puis se rendit compte qu’une immense masse noire les suivait. Le jeune homme écarquilla les yeux, une immense pieuvre les poursuivait, Fenrir l’avait libérée en fouillant dans le garage et l’avait bien énervé en essayant de l’assommer à coup de clé. Elle avait donc fuit comme elle avait put et récupérer Mirayhu qui sortait tranquillement.
Les deux jeunes filles happèrent le médecin et ensemble, ils fuirent tout simplement.
L’Elian n’était heureusement pas loin et la corde pendait toujours du bastingage. Le but était proche.
Et la pieuvre aussi !
Le trio accéléra encore en voyant le monstre à leurs trousses. Fenrir eut alors une idée. Une idée folle sans doute mais qui était probablement leur seule chance. Elle attrapa le prototype de propulseur qu’elle avait récupéré dans le garage, juste avant qu’elle ne remarque la pieuvre sous son nez. Elle tenta de l’activer alors qu’elle nageait, une fois, puis deux, puis trois. Au quatrième essai, l’appareil se mit à vibrer. Fenrir fit un signe à ses deux compagnons. Mirayhu s’accrocha aussitôt à elle, mais Grey, qui nageait un peu plus loin, ne put que tendre le bras avant que le propulseur ne se déclenche. Il vit seulement ses deux amis être entraînées à toute vitesse par l’engin.
Le vol des deux pirates fut bref, et l’atterrissage incroyablement brutal. Car le propulseur en sortant de l’eau fonça droit dans les haubans. Fenrir et Mirayhu furent déviées par les cordages. Elles rebondirent sur une des voiles et tombèrent sur le pont. Le propulseur crachota un peu de fumée et s’éteignit.
Kasai éclata de rire en voyant l’air sonné des deux pirates. Fenrir se leva tant bien que mal et se précipita vers le bastingage.
- Où est Grey? demanda Crystal, inquiète de ne pas voir le médecin.
Un cri lui répondit. L’équipage vit un énorme tentacule sortir de l’eau, avec Grey tout au bout qui hurlait à plein poumons. La pieuvre fit tournoyer le pauvre pirate un moment, puis elle le lança de toutes ses forces. Hurlant toujours le médecin vola loin au-dessus de l’Elian. L’équipage suivit des yeux la courbe harmonieuse de sa chute et lorsque Grey percuta l’eau, en effectuant un plat magistral, Fenrir se tourna vers Lucky et lui dit :
- On décolle.
Quelques instants plus tard, le navire survola la zone de crash. Grey flottait tranquillement, l’air pensif. Fenrir lui lança une corde, qu’il saisit calmement avant de se hisser à bord. Tous regardait le médecin qui avait un air étrangement serein. Il serrait le codex dans son poing avec un petit sourire.
- Ca va? lui demanda Fenrir.
- Bien, dit-il. J’ai toujours aimé voler.
Les pirates se regardèrent en se demandant ce que le médecin pouvait bien vouloir dire. Grey se retourna et s’accouda sur le bastingage en regardant l’horizon. Tandis que Fenrir racontait leurs aventures subaquatiques, Mirayhu prit le codex des mains du médecin, l’observa quelques instants en marmonnant. Puis elle composa un code et l’ouvrit. Elle en sortit une carte sous le regard ébahi de Fenrir.
- Mais comment tu as fait pour l’ouvrir?!
Mirayhu lui fit un des petits sourires dont elle avait le secret, et lui dit.
- Secret d’archéologue ! En tout cas, nous avons trouvé une carte vers la Cité des Sept.
Des yeux s'écarquillèrent et des sourires naquirent. La cité des Sept … La Capital Pirate par excellence et ils savaient comment y aller.
Sans un mot mais un grand sourire sur les lèvres, Dairuin attrapa la carte et, suivit par Lucky, s’installa près de la barre que le Capitaine prit en main.
Le prochain point d'arrêt serait cette Ville au Mille Noms. Cette ville de tout les vices.
La nuit était tombée et une étrange lueur provenant de la masse cotonneuse qui entourait la coque éclairait le bâtiment. Il faisait bon ce soir, ni trop chaud, ni trop froid, les étoiles roses entres lesquelles naviguait le bateau pirate créaient une ambiance feutrée. À la proue du trois mats, à l'horizon, un globe géant et blanc à moitié perdu dans les nuages et qui n'éclairait pas, les attendait.
Illusion surréaliste.
Cette bulle de gaz, ainsi l'avait identifiée Kasai, n'était nullement dangereuse. Aussi, l'équipage avait prit la décision de passer au travers et percer un autre secret que les mondes ne leurs avaient par encore dévoilé.
Tous étaient réunis sur le pont, Carter, Kasai et Fenrir se tenaient à la proue, regardant, les yeux brillants de curiosité et de défis, cette énorme boule; au sommet du plus haut mat du bateau, Lucky et Crystal admiraient le paysage d'un regard remplis de tendresse; sur le pont, au dessus des cabines et devant le gouvernail, Crowley et Mirahyu se tenaient par la main sans rien dire, leurs regards s'exprimaient mieux que les mots; assise sur une des poutres des voiles, Neir, les yeux plantés sur la ligne d'horizon, avait un sourire jusqu'aux oreilles, et, juste derrière elle, Dairiun et Venesiaa, accrochés dans les cordages, observaient d'un oeil expert la magie qui les entouraient. Grey et Valhora, debout sur le pont principal imaginaient ce que l'autre côté leur réservait, Nef grattait doucement sa guitare, un doux sourire aux lèvre et Shadow, suspendu dans les haubans savourait peut-être ce moment de calme. La fine équipe ne cherchait qu'actions et réussite, cette sphère serait la porte pour un nouveau roman, pour une nouvelle page, pour un autre commencement. Une porte pour une nouvelle aventure. Une porte pour la Cité des Sept !
G&F
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