• Une arrivée discrète

    Shadow  FenrirInaugural

    Une arrivée discrète

     

    - Ce sera donc un duel de soumission à mains nues pour vous départager, de Capitaine à Capitaine ! déclara l’officier supérieur en charge de la sécurité du port en désignant Lucky ainsi que son homologue vindicatif.

     

    Fenrir applaudit bruyamment tandis que Dairiun se demandait comment ils avaient pu en arriver là.

     

    L’Elian avait traversé le portail de lumière pour débarquer aux abords de la Cité des Sept. Arrivés de nuit, l'équipage décida de stationné à une certaine distance du port, pour se préparer mentalement à fouler du pied cette île légendaire. 

     

    Ce matin, c'était le grand jour et là, devant eux, une place sur le port entre deux gigantesques bâtiments leurs tendaient les bras. Tandis qu’ils s’approchaient, un second vaisseau s'imposa.

     

    Quand les deux navires arrivèrent à la même hauteur, un virulent combat verbal s’engagea entre Fenrir et la vigie rivale :

     

    - On l’a vu en premier ! Hurla l’adversaire.

     

    - Allez vous faire foutre, on était là avant ! Répondit la Mecano’

     

    Kasai vint appuyer les paroles de sa camarade en haussant à son tour la voix. Puis l’adversaire renchérit et bientôt une cacophonie d’insultes envahit le port.

     

    - Vous l’avez récupéré où votre rafiot ? Dans une décharge ?

     

    Après cette réplique, le sang de Fenrir ne fit qu’un tour, elle plongea sans réfléchir sa main dans le holster de Dairiun et en tira son arme qu’elle pointa sur l’ennemi. Juste avant que le coup ne parte, Grey se précipita en criant et, d’un revers de bâton, faucha Fenrir au niveau des chevilles. La balle se perdit dans les haubans du bateau adverse, mais le médecin admonesta tout de même la mécano, comme une mère parle à son enfant. La mécano se massa doucement la tête et redirigea ses insultes sur le médecin, qui s’en fichait comme de son premier bandage.

     

    Le coup de feu fut suivi de l’arrivée de petits appareils volants qui arboraient un symbole particulier. Tous étaient équipés de mitrailleuses embarquées. L’un de ses appareils rompit la formation. Un homme en uniforme avec un mégaphone les interpella :

     

    - Que ce passe t’il ici ? Pas de tuerie dans ce quartier ! Si vous voulez vous conduire en sauvages allez chez Rose !

     

    - Cette place est pour nous ! gueula un des matelots de l’autre navire.

    - On était là avant ! s’interposa Mirayhu sortant son Katana et le pointant sur l’officier.

     

    Doucement, un jeune garde s’approcha de l’officier et lui souffla à l’oreille :

     

    - Monsieur, je crois qu’ils se battent pour la place restante, juste en face de nous.

     

    L’officier poussa un soupir désespéré.

     

    - Oui, Merci Michel, j’ai vu … Et ils l’ont dit. Bien je présume qu’aucun d’entre vous n’aura la décence de cesser cette vulgaire discorde et de laisser sa place ?

     

    La seule réponse qu’il reçut fut une vague cacophonie de “Hein ? Quoi ? Keskidi ? On était là avant !” .

     

    - Je crois qu’ils ne veulent pas monsieur …

     

    Encore une fois l’officier soupira et dit :

     

    - Ta gueule, Michel.

     

    Le jeune homme eut une moue décomposée et se remit dans le rang. Là-dessus l’officier reprit d’une voix forte :

     

    - Ce sera donc un duel de soumission à mains nues pour vous départager, de Capitaine à Capitaine !

     

    Chacun des équipage se tourna vers son Capitaine. Lucky avait le regard dur et froid de la personne déterminée qui sait ce qu’elle a à faire. Il commença à déposer tout ce qui pourrait l’encombrer. Armes, holster, manteau… Il finit par accrocher son chapeau à la barre et se dirigea vers la proue. Debout sur le bout dehors, il se fit craquer les doigts d’un geste confiant. Un sourire ornait ses lèvres. D’un bond, il atterrit sur le pont adverse. Derrière lui, sur L’Elian, Crowley servait du rhum à tous les membres. L’autre Capitaine s’avança alors vers son opposant. Arrivé à trois mètres de lui, il empoigna sa fine chemise de lin et la déchira à mains nues dans un craquement théâtrale. Il dévoila un poitrail velu et musculeux qui se voulait impressionnant mais qui ne provoqua qu’une moue de dégoût sur le visage de Lucky. Ce dernier observa son adversaire se faire enduire le torse d’huile par deux ravissantes jeunes femmes aux yeux en amande bien peu vêtues pour une journée aussi fraîche. Il réprima un haut-le-coeur avec difficulté. Puis il se rendit compte de la raison de cette scène peu ragoûtante : il se rendait glissant pour être insaisissable.

     

    - Fourbe mais vu les lianes qui te servent de poil je ne pense pas que ce soit si utile que ça, lança Lucky d’un ton narquois ayant pour but de provoquer l’autre.

     

    En effet, un combat trop long ne jouerait pas en faveur du capitaine de l’Elian. Car comme le pensait très justement Kasai à haute voix : “Il est costaud l’animal” qu’il accompagna d’un petit “Vous pensez que ses muscles vont fuir si je fais des trous dedans?”

    Les rires que sa phrase déclencha se turent au son d’un coup de feu. L’officier venait de déclarer le début du combat.

     

    Le capitaine adverse lança un : “Tu vas voir ce qu’il en coûte de s’en prendre à Craig Le Conquérant !”, avant de se jeter sur Lucky. Ce dernier avait prévu le coup et avait bondi sur le côté. Il avait cependant sous-estimé la vitesse de son adversaire qui parvint à le déséquilibrer, rendant sa réception un peu plus brutale que prévu.

     

    - Saute, petit rat, tant que tu as encore des jambes, grogna Craig.

     

    Pour ponctuer sa phrase, il envoya un crochet en direction de la mâchoire de Lucky qui rencontra l’avant bras de ce dernier qui para aisément avant de riposter par un violent uppercut dans les côtes. Craig grogna mais attrapa la tête de Lucky à deux mains pour lui infliger un gros coup de crâne qui le sonna un peu. Vacillant, le capitaine de L’Elian recula de quelques pas avant de serrer le poing. L’homme velu face à lui se précipita, prêt à frapper. Son bras gauche partit en direction de la joue de Lucky, celui-ci repoussa le bras poilu d’un revers et frappa d’un coup sec dans le plexus solaire de son adversaire de son autre main. Ce fut au tour de Craig de vaciller mais son adversaire ne lui laissa aucun répit, Lucky se précipita et roua de plusieurs coups simples, rapides et efficaces mais sans grande force. Doucement Craig reculait, essayant en vain de repousser Lucky qui se jouait clairement de son adversaire. Mais le capitaine adverse, le rouge aux joues et le nez en sang, riposta et envoya son poing vers le visage de son homologue avec force.

     

    Le Capitaine de L’Elian grogna de douleur, le sang lui maculant l’arcade. Pourtant un grand sourire continuait d’orner ses lèvres ; derrière lui, les membres de L’Elian levaient leur verre ou applaudissaient, heureux du spectacle.

     

    Nonchalamment, Lucky se releva et s'épousseta, de nouveau près à en découdre. Doucement, il se fit craquer les doigts et la nuque puis il bondit vers son adversaire. Une lutte acharnée s’ensuivit, les coups étaient difficiles à suivre pour les spectateurs mais on pouvait tout de même discerner le fait que le Capitaine de L’Elian prenait le dessus. Craig transpirait à grosses gouttes. Des gouttes de sueur et d’huile mélangées qui tombaient lourdement sur le pont du bateau. Il subissait les assauts depuis un moment et son endurance légendaire était entamée car son adversaire ne lui laissait aucun répit. Il se ramassa et s’élança pour bondir sur son ennemi quand il glissa dans la flaque de sueur huileuse qui s’était formée à ses pieds. Il s’étala de tout son long ce qui déclencha une hilarité générale du côté de l’Elian. Même Lucky ne put s’empêcher de lever un sourcil circonspect et de lâcher un petit “Sérieusement ?” .

    Un cri parmi l’équipage adverse attira l’attention :

     

    - Attrapez ça, Capitaine !

     

    Et tous virent un poignard avec une lame d’une dizaine de centimètres voler pour atterrir aux pied de Craig. Ce dernier se releva en le ramassant et avec un rictus mauvais il cracha :

     

    - Maintenant tu vas couiner gamin.

     

    Il s’élança lame en avant sur Lucky qui s’effaça à temps pour voir Craig continuer sa route jusqu’au bastingage. Il le regarda dans les yeux pendant qu’il se relevait écumant de rage et lui lâcha d’un ton méprisant :

     

    - T’es vraiment qu’une couille molle.

     

    Les agents en charge de surveiller le combat hésitaient à intervenir craignant pour leur propre vie. L’officier les retint d’un geste.

     

    - Monsieur il me semble que le tout musclé triche là, il faudrait peut-être qu’on intervienne.

     

    - Allez-y Michel, nous vous regardons allez chercher ce couteau.

     

    - Mais Monsieur …

     

    - Si vous avez peur on peut aussi les laisser faire comme je l’ai suggéré, qu’en pensez vous?

     

    - Rien Monsieur, vous avez raison.

     

    Sur l’Elian ce fut le branle-bas de combat lorsque chacun comprit que les agents ne feraient rien. Kasai fonça pour aller armer les canons mais Crystal parvint à l’arrêter en lui rappelant que Lucky était toujours sur l’autre bateau. Son argumentation “Mais si je vise bien…” fut interrompu par le regard sévère qu’elle lui lança. Dairiun par souci d’équité se saisit d’un poignard et le lança en direction de Lucky mais il fut intercepté par Shadow qui avait sauté des haubans pour retomber sur le bastingage.

     

    - Laissons le faire, il s’en sort plutôt bien…

     

    Il fallut en revanche pas moins de Neir et de Carter pour retenir Fenrir qui, selon ses propres termes, était bien décidée à “défoncer la gueule de ces agents de mes deux”. Venesiaa, que le bruit avait sortie des entrailles du navire, pointa sa tête encapuchonnée et jeta un regard sur ce qu’il se passait. Elle croisa le regard de Valorah non loin du gouvernail qui, malgré son demi sourire, semblait  complètement détachée des évènements qui se déroulaient. Valorah adressa un léger haussement d’épaule face au regard interrogateur de Venesiaa qui, voulant éviter les ennuis, retourna à ses occupations.

     

     

    Pendant ce temps sur le pont adverse, pour Lucky, le combat devenait plus ardu. La moindre erreur pouvait être fatale.

     

     

    Déjà, de multiples petites coupures étaient apparues sur les poings du Capitaine qui, concentré, fronçait les sourcils. Il parait plus qu’il n’attaquait pour le moment mais doucement, une lueur nouvelle apparaissait dans son regard. Il reprenait le dessus, esquivant habilement la lame et faisant voler ses poings dans la figure de Craig qui commençait sérieusement à ne plus ressembler à grand chose. Les membres de L’Elian s’amusaient à pousser des “ouuh” douloureux et sarcastiques dès que le Capitaine adverse prenait un uppercut. Lucky faisait indéniablement reculer son adversaire vers le centre de son propre pont. D’un coup d’oeil, il remarqua un amoncellement de cordages qui pendait lamentablement d’un des mats. Il eut un petit sourire, le combat allait prendre fin.

     

    Doucement, il fit reculer encore un peu Craig et une fois dans les cordages, il commença une danse, tournant autour du Capitaine, le faisant écumer de rage. Puis, quand il fut bien empêtré dans les cordages, Lucky lui assena un violent coup dans la mâchoire qui fit vaciller et tomber son ennemi.

     

    Une fois cela fait, le Capitaine de L’Elian toisa de toute sa hauteur Craig et lui dit :

     

    - Tu as perdu.

     

    Un petit sourire suffisant ornait maintenant ses lèvres tandis qu’il tirait d’un coup sec sur le cordage qui pendait à coté de lui. Le corps massif et poilu de Craig s’envola alors et Lucky n’eut qu’à lui donner un grand coup de pied pour qu’il passe par dessus bord. Le capitaine auparavant si arrogant pendait maintenant mollement, la tête dans le vide, retenu par la corde enroulée autour de sa cheville.

     

    - Sale petit morveux, tu vas pas t’en tirer comme ça ! Je vais aaaaaaaaaah !!!

     

    Lucky avait laissé filer le filin entre ses mains puis l’avait stoppé après une chute de deux ou trois mètres.

     

    - Allez, dis le.

     

    - Jamais ! Je ne me rendrai jamaaaaaaaaaaaais !

    Les trois mètres suivants le firent toutefois réfléchir.

     

    - Je, je me rends, balbutia Craig tant bien que mal.

     

    - Plus fort l’officier a mal compris, lui lança Lucky en faisant tout doucement glisser le cordage.

     

    - JE ME RENDS, pitié ne me lâche pas !” finit par gémir l’autre.

     

    - Je déclare ce combat officiellement terminé et c’est le capitaine de, ... l’Elian c’est ça ! qui remporte cette magnifique euh… place ! Déclara l’officier en charge en se demandant comment ils en étaient arrivés là.

     

    Attachant le filin qu’il tenait en main sur le mât principal, il laissa lamentablement pendre son ancien adversaire pendant que d’un bond, Lucky atterrissait sur le pont de L’Elian. D’un pas vif, il se dirigea vers la barre, récupéra son chapeau, l’enfonça sur son crâne et commença la manoeuvre qu’il lui permettrait de s’installer à cette place légitimement gagnée. Quand il arriva à hauteur du vaisseau de Craig, qui continuait à pendre sous sa coque, malhabilement aidé par son équipage, Lucky tira son chapeau sur ses yeux avec un sourire narquois en guise de salutations.

     

    Devant lui, le rhum et les cris de joie se déversaient sur le pont. La découverte de cette citadelle commençait à merveille.

     

    - Monsieur ?

     

    - Qu’y a-t-il encore, Michel ?

     

    -Il y a cinq places qui se sont libérées pendant le combat, ils sont vraiment pas malins ces pirates ! Qui a gagné au fait ?

    - S’il n’y avait qu’eux qui n’était pas malins…

     

    - Quoi ?

     

    - Rien Michel, au fait, la prochaine fois, essayez de mettre votre longue vue à l’endroit quand vous surveillez les entrée de navires dans le port.

     

    - Mais Mons’.. oui Monsieur…

     


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