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Le prix à payer
Ce devait être un dimanche comme les autres. Celui où toute la haute société sortait pour aller sur le port, sentir l'air marin et admirer les bâtiments amarrés. C'était ce genre de dimanche que tu évitais à tout prix. Les enfants chahutaient, courraient dans tous les sens, les parents gardaient le nez en l'air pour voir les matelots travailler, pendant que les domestiques qui les accompagnaient cherchaient à acheter le meilleur poisson pour le midi. Ton père t'avait encouragé maintes fois à t'y rendre, te disant qu'il y avait vraiment de jolies choses à voir. Tu y étais allé une fois, deux fois, et t'étais lassées. Tu savais que les domestiques arrivaient toujours à débusquer un très bon poisson, ils n'avaient pas besoin de votre approbation. C'était Liliane qui était revenue en courant, venant te chercher sur le sofa pendant que tu étais en train de lire une énième fois une nouvelle que tu adorais. La regardant en levant un sourcil, tu lui demandas sans rien dire ce qu'elle avait. Reprenant son souffle, elle arriva à articuler « Un véritable bateau volant ! ». Et ça, ça sortait de l'ordinaire, tu te mis à sourire, la remercias de la bonne nouvelle avant de lui proposer si tu pouvais l'accompagner au port, elle était ravie, la pauvre. C'était donc vêtue d'une magnifique robe et de son chapeau assorti que tu te rendis au port. Tous les regards étaient sur ce navire, il était grandiose ça oui, mais la chose la plus intéressante dans l'histoire, c'était de savoir pourquoi il avait fait escale ici. Tu te mis alors en quête de trouver un matelot du bateau, et y parvins rapidement en voyant un membre de l'équipage en descendre. Attendant un peu, il fallait que tu trouves une bonne raison pour aller lui parler. La jeune femme se mit à demander à plusieurs personnes tu ne savais trop quoi. Mais voyant son état tu ne t'étonnais pas que l'assistance refusa de l'aider. C'était le moment idéal. T'approchant vers elle, tu hésitas longuement à lui tendre la main, pour au final ne la gratifier que d'un doux sourire.
« J'ai cru comprendre que vous cherchiez quelque chose. Les gens ici sont très pointilleux, c'est le jour des gens beaux, il faut les excuser. Cependant, je suis certaine de pouvoir vous aider.
- Et qu'est-ce que vous en savez ? Fit-elle en te regardant de haut en bas.
- Posez moi seulement la question que vous avez posée à tous ces gens, je verrais bien.
- On discute pas souvent avec les gens de votre genre, mais là y a que de ça alors… On s'est posé parce qu'on est à court de Valiôm, et je voulais juste trouver quelqu'un qui pourrait nous en… Vendre.
- Oh, ce n'est que ça ? J'ai mieux à vous proposer, faites moi la liste des provisions dont vous avez besoin, et une voiture viendra vous chercher demain ici même, à la première heure. Vous pourrez le faire attendre, mais pas de trop, il est patient, mais il ne faut pas abuser de notre patience. »
Ce fut d'un air méfiant que la jeune femme poisseuse te donna la liste de ce que tu lui avais demandé. Tu lui souris avant de la remercier et de disparaître dans la foule, là laissant sans rien d'autre qu'un doute à ton sujet. Regardant la liste de plus près, tu souris. Le navire allait partir pour un long voyage, et tu connaissais quelqu'un qui serait ravi de les aider. Tu rentras rapidement chez toi, venant à ton père pour lui présenter la liste. « Pour demain ? C'est un peu précipité, mais faisable. » Un autre sourire, tu lui précisas d'ailleurs qu'il s'agirait peut être de ta nouvelle distraction. Cependant, lorsque les yeux de ton père vinrent à la ligne destinée au nombre de fiole de Valiôm, il fut un peu… Surpris.
« Valorah, ne penses-tu pas que… ?
- Oh père, vous n'allez pas m'enlever cette distraction ? Vous n'aurez qu'à augmenter le prix jusqu'à ce qu'il rembourse la perte… Mais je trouve qu'il y en a trop peu, serait-il possible d'en rajouter un peu plus ?
- Hm… Je vais voir ce que je peux faire. »
Tu vins l'embrasser sur la joue, avant de partir, presque dansante, en direction de ta chambre. Tu pris toutes les valises qui étaient sagement rangées sous ton lit, pour les ouvrir, et les remplir petit à petit. Tu allais être chargée, mais c'était pour la bonne cause. Une valise pour tes robes, une pour tes chapeaux, et une autre pour tes trois jouets préférés. La valise de tes robes fut difficile à fermer, mais tu y parvins. Ta préparation te pris toute l'après midi…
Le lendemain, tu demandas à ce qu'on descende tes valises près des malles de provisions. Et quelques minutes plus tard, la voiture que tu attendais arriva. Tu prias intérieurement pour que la jeune femme soit aussi à l'intérieur, et fus soulagée qu'elle y soit vraiment. Tu attendis qu'elle vienne à toi, souriant avec douceur, pendant qu'elle semblait complètement perdue.
« Bienvenue. Si vous voulez bien, nous allons faire l'inventaire rapide de ce que je vous fourni, fis-tu la guidant jusqu'à l'intérieur. Normalement il ne manque rien, à part la valise de Valiôm, mais elle ne devrait pas tarder à arriver.
- Oh et… Combien coûterait ce service… ? Je crains de devoir être honnête et payer le prix, même si…
- Oh non, le seul prix que vous devez payer c'est m'accueillir sur votre navire. Ce n'est pas cher payé, et il vous sera plus aisé de trouver les ressources dont vous avez besoin. »
Un autre sourire alors qu'elle semblait aussi bien surprise que réticente à l'idée de t'accueillir dans son équipage. Tu lui précisas alors que ça t'étais bien égale le genre de marin qu'ils étaient. Après tout, tu avais fait parti d'un groupe mafieux, alors un peu plus ou un peu moins, tu t'en fichais complètement. Tu la laissas faire l'inventaire des ressources pendant que tu te dirigeais en vitesse vers la volière, pour récupérer ton oiseau, que tu pris soin de percher sur ton avant-bras habillé d'un gant en cuire. Tu n'allais certainement pas le laisser là tout seul. Quand tu revins vers elle, tu la vis en compagnie de ton père, qui lui présentait la valise de Valiôm, un peu plus d'une vingtaine de fioles y étaient entreposées. Il lui expliqua rapidement que si jamais ils avaient besoin de quoi que ce soit, il pourrait faire en sorte qu'ils n'aient plus besoin de rien, par l'intermédiaire de sa fille. Toutes les dépenses qu'ils devraient faire lors de leur expédition seront faites par lui-même. Il lui avait souri, avant de te sourire à toi. On emmena les bagages dans la voiture, pour ensuite vous conduire vers le vaisseau. Tu embrassas ton père, lui disant que ce n'était qu'un au revoir, et que tu reviendrais bientôt.
Montées dans la voiture, vous n'avez presque pas discuté. Vos mondes étaient complètement différents, c'était difficile de trouver un sujet de conversation qui ne fasse pas tâche. Pourtant, tu savais que tu allais être accueillie un peu sous la contrainte, car tu étais le prix qu'il fallait payer pour ces ressources gratuites… Finalement tu te présentas rapidement, seulement ton prénom en fait, elle en fit de même, et le silence revint. On vous aida à tout transporter à bord, pour que tes domestiques rentrent enfin. Sur le pont, tu vis les autres membres de l'équipage, bien curieux de savoir qui tu étais et qu'est ce que tu faisais ici. Une voix finie par s'élever.
« Bienvenue à bord de l'Elian. »
Ton aventure ne faisait que commencer...
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