• Bain de sang





            Tu avais l’esprit encombré. Ta rencontre avec Cordélia t’avait fait réfléchir, tu te demandais ce qui s’était passé de son côté pour qu’elle devienne pirate, et capitaine d’après ce que tu avais pu comprendre. Mais, enfilant ta robe, tu te rendis compte que la seule personne que tu connaissais réellement dans l’ex-couple Cavendish, c’était Polonius. Tu ne savais rien de Cordélia à part ce qu’elle avait bien voulu te partager et te montrer. Après votre rencontre tu avais décidé de retourner sur l’Elian te changer, tu avais alors abandonné ta robe noire pour une plus légère couleur pêche. Tu avais bien évidemment posé sur ta tête le chapeau qui était assorti.

           Tu sortis du boudoir, le sourire aux lèvres, prête pour aller visiter le quartier de Neptis comme te l’avait conseillé ton amie. Tu avais un pas léger, presque guilleret et enfantin. Il était devenu rare de te voir comme cela, mais tu n’allais pas te priver pour les autres. Tu étais sur le pont, prête à descendre lorsque ton regard croisa la silhouette de Venesiaa. Elle avait des bagages, tu fronças légèrement les sourcils, ayant peur de comprendre, avant de sourire gentiment. Ce sourire qui s’entendit lorsque tu entamas la discussion.

    « Vous nous quittez déjà ? »

            La jeune femme se bloqua sur place. Il te sembla alors que tu l’avais coupée dans son élan, que tu l’avais surprise. Tu te mis à rire intérieurement. Et elle ne te répondit toujours pas, mais tu l’aperçus ajuster son capuchon sur la tête. Alors tu lui fis un signe de la main, un au revoir. Ce n’était pas toi qu’un départ allait offusquer. Tu glissas alors hors du pont pour arriver sur les quais et tenter de te frayer un chemin vers le quartier de Neptis, au Sud-Est de la cité. A nouveau, tu avais décidé de tenter une percée à travers la foule. En effet, tu avais presque espéré que le passage se serait dégagé en cette après-midi assez avancée. Mais il n’en était rien. Depuis que tu es à bord de l’Elian, c’était la première fois que vous vous étiez arrêtés dans une cité pirate. Et tu te rendais bien compte que le rythme pirate et le rythme terrestre était bien différent l’un de l’autre. Quand l’heure du thé sonnait en ville, la cité s’éveillait, prête à aborder la nuit qui se ferait sans doute pleine de surprises. Mais cela ne te dérangea pas. Tu traversais la cité, de ton pas toujours gai, mais te faisant en réalité un peu plus curieuse par rapport à ce que tu pouvais apercevoir aux pieds des bâtisses. Tu te rendis alors compte que tout te semblait très loin du quartier de Rose. En effet, lorsque chez elle on sentait le malheur et la pauvreté, on pouvait ressentir la bonne humeur et la chaleur chez d’autres.

     

            Ta traversée avait continué presque une bonne heure. Tu avais jasé, mais ce n’était pas pour t’en déplaire. Arrivée au pied d’une statue qui te fit lever la tête et sourire, tu cherchas tout de même du regard quelqu’un que tu pouvais interpeller. Mais pour l’heure, tu étais devenue admirative devant l’objet de luxure devant lequel tu te tenais. Une fontaine, des femmes plus ou moins habillées, toutes agenouillées et aguichant un charmant jeune homme. Tu te sentis, d’ailleurs, complètement nue sous le regard de la statue. Ce regard que tu avais déjà vu te semblais alors bien trop familier. On te bouscula, tu chancelas, manquant de tomber dans le bassin de la fontaine, mais on te rattrapa in-extremis. Il s’excusa platement, tu lui dis que ce n’était rien, qu’il ne devait pas s’inquiéter, mais qu’il devait juste te rendre ta bourse avant que tu ne piques une crise. Tu le tenais par le poignet, et tes yeux se faisaient insistants alors que ton sourire était plein de malice. Il te la jeta gentiment, mais avant de le lâcher, tu ris doucement avant de lui demander où tu pouvais trouver les bain de Neptis. Il t’annonça que tu te trouvais déjà dans son quartier, et que les bains n’étaient pas très loin. Il te montra le chemin avant de te saluer d’une révérence maladroite et désolée.

            Tu quittas alors ta statue pour te diriger vers l’endroit que l’inconnu t’avait indiqué. Tu entras enfin dans un bâtiment qui te mit tout de suite à ton aise. Tu avais à peine posé les pieds dans le hall que tu avais déjà envie d’y rester des heures. Sans doute l’odeur de verveine qui traînait dans la pièce. Un homme aux cheveux longs et relativement peu vêtu t'accueillit avec un doux sourire sur le visage, tu ne pus que le lui rendre.

    « Bonjour, je suis une grande adepte de bains, alors j’aimerai voir ce que vous avez à me proposer.

    - Bien, milady, car vous êtes loin d’avoir une image de pirate, même si je me doute qu’en fait vous en êtes une… Bref ! Suivez-moi, nous avons justement l’un de nos bains les plus splendide, de vide. Vous pourrez en profiter pleinement.

    - J’y compte bien… »

            Vous rîtes doucement, et il t’invita à le suivre. Tes talons claquèrent dans les allées, et tu pus apercevoir différentes pièces, différents bains. Et tous cela t'émoustilla. Tu étais excitée par l’idée de rester seule dans l’eau. En effet, tu avais deux hobbies étranges, la chasse à l’homme, et les bains. Pourtant, tu trouvas votre traversée assez longue, et lorsque tu allais t’inquiéter auprès de ton hôte, il ouvrit une porte coulissante qui ouvrait sur une salle merveilleuse. Le bâtiment dans lequel tu étais entrée était bien plus grand qu’il n’y paraissait.

            Dans cette salle, un arbre, certainement un cerisier au tronc étrangement épais. Il avait ses fleurs, et certaines étaient venues se déposer à la surface des différents petits bassins qui entouraient l’îlot. Tu tombas des nues face à la beauté de la pièce. Ton hôte s’éclaircit alors la voix, voyant que tu étais restée figée sur place.

    « Vous pourrez accrocher vos différentes affaires contre les parois, ne vous en faites pas, tout à été étudié pour rien ne s’abîme à cause de l’eau… Si vous avez besoin de quoi que ce soit, il vous suffira de tirer sur l’un des rubans qui pendent de l’arbre, et nous accourrons ! J’essaierai de passer, assez souvent pour que vous ne vous sentiez pas seule, mais pas assez pour attenter à votre pudeur. Maintenant, milady, laissez moi vous souhaiter de passer un agréable moment en notre compagnie. »

            Il te salua avant de te quitter, fermant les portes coulissantes derrière toi. « Par Neptis...» fis-tu, incapable d’articuler quoique ce fut d’autre. Tu secouas la tête avant de te rendre près de la parois qu’il t’avait désignée. Il y avait effectivement des accroches discrètes, ainsi qu’une petite planche faisant office d’étagère. Tu quittas alors tes chaussures, ton chapeau, puis ta robe et la sangle qui tenait Berthe, pour les mettre en sécurité, pendus ou simplement posés sur la petite planche de bois.

            Tu glissas lentement un pied dans le bain, avant de soupirer de plaisir. L’eau était bonne, l’odeur qui se dégageait du bassin et de l’arbre était tout simplement enivrant. Tu descendis les petites marches du bassin, l’eau t’arrivait juste au dessus des hanches. Tu vins enfin te caler contre un genre de banquette qu’ils avaient installé tout autour des bassins, immergé, pour pouvoir s’allonger à son aise. Tu calas finalement ta tête dans la mousse qui se trouvait au pied de l’arbre, tout en t’allongeant, avant de détacher tes cheveux et regarder le plafond. C’étaient qu’ils avaient fait attention aux détails !  On aurait dit que le plafond était en réalité une bâche bien tendue, car tu apercevais tout de même le soleil irradier. Tu soupiras longuement, regardant une petite fleur de ce cerisier venir se poser avec douceur sur la surface de l’eau. La suivant du regard, tu te stoppas sur la silhouette d’un homme qui s’était arrêté à l’entrée de la pièce, te regardant et te souriant, un plateau avec une coupe dans une main. Tu te redressas alors légèrement pour pouvoir glisser dans l’eau, dissimulant ainsi ta nudité. Tu l’interrogeas du regard, manifestement dérangée par sa présence. Il te salua de la tête avant de s’avancer, te proposant de goûter au breuvage. Tu n’avais pas croisé cet homme lorsque tu avais déambulé dans les couloirs.  Il était plus massif que le jeune homme de l’accueil, barbu et les cheveux courts. Pour finir, sa culotte n’était pas aussi travaillée et élégante que celle de ton premier hôte. Mais son sourire faux t’inspira presque confiance, ce pourquoi tu t’étais approchée, et qu’il en avait fait de même. Il s’accroupit devant toi, te souriant toujours, et t’expliquant que des alchimistes travaillaient pour leur établissement, créant des décoctions qui permettaient une détente parfaite. Il ajouta, tout en te tendant le verre, que le seul petit effet secondaire était de petites hallucinations, précisant à nouveau qu’il ne s’agissait de rien de bien méchant. Tu arquas un sourcil, suspicieuse, avant de hausser les épaules et prendre la coupe pour déguster le breuvage offert.

            Un fois le mélange finit, tu le posas sur le plateau de l’employé qui n’avait pas bougé d’un pouce. Il te salua pour enfin te quitter, fermant la porte derrière lui. Revenant à ta place, tu te dis qu’il s’agissait là d’une bien étrange rencontre. La boisson n’avait pas eut un mauvais goût, et tu étais heureuse de pouvoir contribuer à l’avancée du travail des alchimistes. Mais tu avais trouvé cet homme bien insistant. Tu t’étais rallongée, pour regarder de nouveau le dôme qui te sembla plus éloigné qu’auparavant. Une autre fleur attira ton regard, tu la suivis des yeux, avant de les sentir horriblement lourds. Ce fut lorsque la petite voltigeuse vint se poser délicatement sur ton front que tu fermas les yeux. Tu soupiras. Tu étais bien, mais étrangement assommée. Tu soufflas une dernière fois.

     

            Tu te retrouvas dans une étrange atmosphère, emplie de vapeurs et de pétales rosés. La tête te tournait, pourtant c’en n’était pas désagréable, au contraire. Tu te sentais comme enveloppée dans des voiles de satin. Et bien que ce fut agréable, tu ne te sentais pas la bienvenue dans cet endroit. Tu fronças les sourcils, tu ne savais pas où tu étais, ce qui s’était passé. Alors tout autour de toi s’assombrit, et le sol se déroba sous toi. Tu tentas de te rattraper, en vain. Et alors que les murs défilaient sous ton regard perdu, tu pouvais apercevoir plusieurs portraits, celui de ton père notamment, de ta mère également. Puis celui de Tim, de Polonius, de Cordélia, de Isobel. Ceux de Tim et de ta mère se décrochèrent, ils tombèrent plus rapidement que toi avant de partir en lambeaux, à moitié brûlés. Ta respiration s'accéléra. Tu te redressas par tu ne savais quel miracle, et tu pus enfin poser pieds à terre, ta chute semblant s'être calmée sans même que tu ne t'en rendis compte car ton atterrissage se fit tout en douceur. Tu t’agenouillas devant ce qu'il restait des deux portraits. Tu fermas les yeux aussi fort que tu le pouvais. Puis une odeur de verveine.

     

            Tu rouvris doucement les yeux, tes paupières papillonnèrent un moment avant que tu ne puisse retourner à la réalité. Tu te frottas un oeil en apercevant une silhouette qui t’étais familière. Il s’avança d’ailleurs vers toi, le sourire aux lèvres. Tu plissas les yeux, fronças les sourcils, et ton coeur s’accéléra. Tu n’y croyais pas. Comment ? Il entra dans l’eau, pour ensuite enlever sa chemise et s’approcher de toi. Tu te redressas maladroitement. Sa main glissa jusque sur ta joue, te laissant une caresse aussi douce que délicate. « Qu’est-ce que tu…? », il te stoppa avant que tu ne puisse terminer ta question. Il posa un doigt sur ta bouche avant de glisser sa main sur le restant de ton corps, allant jusqu’à tes cuisses. Il glissa enfin sa main sur ton entrejambe. Tu sursautas légèrement, penchant la tête sur le côté, te posant des questions pour le moins étranges. Tu fronças les sourcils, jusqu’à sentir ses doigts remuer. Pourtant tu hésitas entre ressentir du plaisir et de la gêne. Tu devais avouer que tu ne reconnaissais pas son touché. Tu te redressas un peu plus, retirant l’emprise qu’il avait sur toi. Tu le regardas avec incompréhension. Il comprit alors que tu étais hésitante, souriant toujours, il vint te donner un doux baiser. Doux ? Ton poing vint s’écraser contre la joue de l’usurpateur.

    « Timothy Matthews ne porte pas la barbe mon ami. Si vous voulez voler une identité, faites le bien au moins ! »

            Tes esprits te revinrent petit à petit, ayant compris qu’il s’agissait d’un subterfuge, tu retrouvais toutes les capacités de ton cerveau. Tu découvris alors le visage de ton agresseur, l’homme qui t’avais fait boire l’étrange breuvage, évidemment. Il te sourit, d’un sourire mauvais, se tenant la mâchoire. « Sachez, milady, que je viens de la part d’un homme qui ne vous veut que du bien, mais que je ne supporte pas votre caractère de princesse pourrie gâtée. » Tu ouvris grand les yeux. Ce n’était pas la première fois que tu entendais ce genre de choses, et ça commençait sérieusement à t’agacer. Tu fronças les sourcils, prête à te redresser pour lui en coller une nouvelle dans la mâchoire. Mais il fut plus rapide.

            Il te tira vers lui, de sorte que tu glisse de ta banquette. Ses mains se jetèrent à ta gorge, te faisant plonger. Avant de couler, tu avais tenter attraper un des rubans qui pendaient de l’arbre, tu ignoras pourtant si tu en avais eu un ou non. Ses mains resserrèrent leur emprise, tu souffrais, pourtant tu tentais d'économiser le maximum d’air, tout en te débâtant. Tu avais sentis l’un de tes ongles se retourner lorsque tu avais tenter de griffer son visage, tu donnais autant de coup de pieds que tu pouvais, tentant de le repousser. Mais il s’accrochait. Il s’accrochait de toutes ses forces. Et tu manquais d’air, et tu sentais ton visage rougir. Tu sursautas, plusieurs fois. Tu ne savais pas réellement combien de temps vous étiez restés ainsi, trop longtemps. Ta vision s’assombrit, puis tu fut enveloppée d’un drap blanc.

            Soudain, l’emprise s’enleva. Tu te redressas avec vigueur, inspirant tout l’air que tu pouvais dans son sourd. Tu te mis à courir vers tes affaires, pour attraper Berthe. Tu y voyais flou, mais juste assez pour voir que le barbu avait basculé dans un autre bassin. Tu aperçus ton premier hôte t’observer, alors que tu t’approchais de ton agresseur. Le souffle court et rapide, tu t’approchas. Tu étais plus haute que lui, tu lui assenas un coup de pied dans les côtes, ce qui le fit basculer une seconde fois. Pourtant il essaya de se relever, un autre coup lui suffit pour qu’il reste dans l’eau. Berthe était pointée vers lui, et tu tiras. Simplement. Ta tête se mit à tourner, et tu chancelas. L’hôte de l’établissement te rattrapas de justesse, il te serra contre lui, te susurrant qu’il allait s’occuper de toi. La suite, tu n’en aurais aucun souvenir.

     

            Un sommeil sans rêve, cela faisait partie des choses que tu appréciais le moins dans la vie. Tu aimais rêver, qu’ils soient bons ou mauvais, tu préférais avoir une nuit agitée qu’une nuit qui passait en un battement de cil. Pourtant lorsque tu ouvris les yeux, tu te retrouvas les pieds enfouis sous un sable remarquablement chaud. Tu étais face à l'horizon, qui t'offrait un merveilleux coucher de soleil. L'eau te sembla être d'une couleur étrange, mais tu devais avouer que tu n'avais pas spécialement la tête à discuter de la couleur de l'eau.

    « Tu ne penses pas qu'avec tout le sang que tu fais couler, tu ne finisse par te vider, Val ?

    - Tim ? Fis-tu en te tournant vers l'intéressé. Dis moi que c'est réellement toi je t'en prie… Je suis complètement perdue…

    - Ah Ah, c'est bien moi, Rose, mais tu sais… Tu rêves. »

    Tu ouvris grand les yeux, tu ne voulais pas comprendre. Enfin, une odeur citronnée vint jusque dans tes narines...

     

            Te faisant ouvrir les yeux, réellement. Une larme avait dû couler sur ta joue, tu sentais ton visage trempé et rougi. Mais ce qui te dérangea le plus fut de te retrouver allongée aux côtés d'un homme que tu ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Tu fis alors un sursaut avant de t’écarter de lui.

    « Je rêve encore, c'est ça ?

    - Non, milady, vous êtes de retour parmi nous.

    - Si je pouvais éviter de me trouver dans les bras d'un homme différent toutes les heures, cela m’éviterait de m'inquiéter. Que s'est-il passé ? Est-ce qu'on a…?

    - Non, rit-il amusé par ta réaction. On m'a demandé de veiller sur vous et de panser vous blessures. Vous avez perdu connaissance suite à une mauvaise surveillance de notre part…

    - Oh…

    - Azel m'a demandé de vous rassurer en vous disant qu'il était passé vous voir à deux reprises, mais vous somnoliez alors il n'a pas osé vous déranger. Puis il a entendu la cloche et vous a sortie de là. »

            Tu avais du mal à le croire, mais il n’y avait que sa parole, alors tu te fis à l’idée. Tu te redressas dans le lit à baldaquin, t’asseyant pour te frotter les yeux. Tu lâchas un long soupir avant de glisser une main dans tes cheveux, ramenant les mèches qui étaient tombées devant ton visage, en arrière. Lorsque tu voulus poser ta tête dans le creux de ta main, tu sentis une légère douleur. Tu avais une petite poupée assez discrète au bout du doigt, au niveau de l’ongle que tu avais senti se retourner plus tôt. Tu souris. Ils avaient pris soin de toi, en effet. « On vous a préparé un thé à la camomille si vous voulez… Vous n’aurez rien à débourser de votre visite, nous y tenons. » t’annonça l’homme sur lequel tu avais dormi, tu souris à nouveau. Ce monde de pirates te plaisait bien, il avait le sens de l’hospitalité. Tu remarquas ensuite que tu portais un peignoir, tu ne devinas pas la matière, tu n’avais pas forcément la tête pour. Tu te levas ensuite pour gagner la coiffeuse sur laquelle était posé ton thé mais également l'ensemble de tes affaires. La tasse entre tes mains, tu te retournas vers l'homme pour t'appuyer contre la coiffeuse et déguster ton thé. Tu connaissais la camomille pour ses vertus calmants et apaisantes, tu en avais sans doute besoin.

    « Combien de temps ai-je dormi dans vos bras ? demandas-tu. J'avoue que j'ignore combien de temps je suis restée dans votre établissement…

    - Vous n'avez pas dormi, milady, te répondit-il. Suite à votre agression, vous êtes restée inconsciente quelques heures. Je dirais au moins quatre. Avant cela, vous avez passé tout l'après-midi dans le bassin. J'ignorais d'ailleurs qu'on pouvait s'assoupir aussi longtemps dans l'eau…

    -C'est mon élément favori. » ris-tu doucement finissant ton thé.

            Tu finis par poser ta tasse sur la coiffeuse avant d’attraper ta robe, qui te sembla avoir été lavée. L’homme te demanda s’il devait te quitter, tu fis non de la tête, lui indiquant qu’il allait t’aider à mettre ta robe. Tu te trouvais fatiguée, lassée. Lassée de cette histoire qui avait finit par faire la trame de ta vie. Tu aurais préféré que ton agresseur ne te dise rien, tu détestais connaître le passé de tes victimes. Mais tu te dis que Polonius avait perdu un homme de plus. Tu jetas un oeil dans le miroir de la coiffeuse, avant de passer une main sur ta gorge. Le sbire de ton pseudo parrain avait serré tellement fort qu’il y avait laissé sa trace. Soupirant, tu fis glisser le peignoir le long de tes bras, de ton corps avant d’entrer dans ta robe. Tu sentis les mains trop froides de ton hôte te frôler pour monter ta robe. Après avoir rentré tes mains dans les manches, il s’attela à serrer les cordons se trouvant dans ton dos, bien plus fort que ce que tu aurais réussi à faire, seule. Tu lâchas un léger gémissement, qui fit rire doucement l’homme. « Navré, nous avons l’habitude que nos filles de joies aient la taille aussi fine que possible… Je ne voudrais pas vous empêcher de respirer. » Tu secouas la tête, lui disant que ça allait aller. Tu ne t’y étais pas attendue. Tu te retournas vers lui, voulant le remercier, mais il se baissa à tes pieds, tenant la sangle entre ses mains. Il l’attacha avec délicatesse pour ensuite glisser Berthe dans son étui. Pour finir, il te fit te retourner, pour t’attacher les cheveux d’un chignon soigné et sans bosse et enfin mettre ton chapeau sur ta tête. Il te montra alors le chemin de la porte en souriant, te demandant si tu avais besoin d’être accompagnée. Tu glissas tes pieds dans tes chaussures tout en lui répondant négativement, du même sourire sincère et courtois. Il t’accompagna tout de même à la sortie de la chambre, te montrant les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée, pour enfin sortir de l’établissement. Tu le remercias et commenças alors ta route. Dans les couloirs, tu croisas des employés, hommes et filles de joie, riant discrètement afin de ne pas déranger les clients.

     

            Arrivée en bas, tu fis tout de même un détour dans la salle au cerisier. Y entrant, tu remarquas qu’un des bassins avait été vidé, l’eau avait du être teintée par la mort du barbu. Tu quittas tes chaussures pour t’avancer dans la pièce, tu fis l’équilibriste sur la jonction présente entre deux bassins pour attraper deux toutes petites branches du cerisier. Tu constatas par la même occasion qu’il s’agissait d’un véritable arbre ! Tu coinças l’une des branchettes dans tes cheveux en retournant près de tes chaussures. Tu repris ensuite la route vers la sortie de l’établissement, escarpins à la mains.

    Tu fus tout de même déçue de ne pas voir celui qui t’avais accueillie dans l’établissement. Il t’avait été agréable. Tu te permis alors de passer derrière le comptoir, à la recherche d’une plume, d’encre et d’un morceau de carton. Choses trouvées, tu laissas deux simples mot, le premier étant le prénom de l’hôte, le second un « Merci ». Tu posas le tout sur le secrétaire, y laissant par la même occasion la deuxième branchette de cerisier ainsi que deux pièces d’or, venant de ta bourse.

     

            Sortie du bain qui faisait également office de maison close, tu fus tout de même surprise de rencontrer nombre de pirates encore dans la rue. Tu optas pour la traversée par les quais pour te rendre jusqu’à l’Elian. Tu n’avais aucune envie de croiser du monde, et tu savais pertinemment que les pirates n’étaient pas forcément couchés à cette heure tardive. Tu ignorais d’ailleurs l’heure qu’il était, tu t’en moquais en réalité. Tu voulais juste rentrer, te coucher dans quelque chose de douillet et dormir en toute sécurité. Tu marchais alors d’un pas plutôt lent et tranquille, chaussures à la main, tu avais été dans l’incapacité de les remettre. Tu te mis alors à chantonner un air que t’avait appris ton amant, marchant au rythme doux de la mélodie. Les quais étaient vides, et tu n’avais même pas tourné la tête pour voir les différents bâtiments amarrés. Ce fut un navire qui sembla différent à ta vision périphérique, qui te fit tourner la tête. Tu te stoppas, et arquas un sourcil. Si ton inconscient ne l’avait pas vu, tu aurais continué ta route. Tu tournas alors les talons pour traverser la palissade qui liait le quai à l’Elian. Tu fis quelques pas sur le pont avant de te faire interpeller en douceur.

    « Euh, Valorah ? Tu vas bien…? fit Grey avec un ton qui traduisait son inquiétude.

    - Hum… Oui. J’ai eu une fin d'après-midi pour le moins étrange. Mais tout va bien, merci de vous inquiéter. »

            Tu lui avais souri, de ce sourire sincère et sympathique, avant de partir en direction des couloirs. Tu ne lui avais pas laissé le temps de te répondre, s’il fallait, vous en discuteriez le lendemain. Pour l’heure, tu ne souhaitais qu’une seule chose : rejoindre ton boudoir et t’affaler dans l’un des canapés avec une couverture.

    Ce fut d’ailleurs ce que tu fis...

     


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