• Trouvailles

    Fenrir & Venesiaa Le temps d'un bal - Partie 1

    Cela faisait un moment que Venesiaa attendait bien sagement sous un enchevêtrement de tuyaux. Elle s’était glissée sous les planches qui formaient le sol et allongée elle appréciait la chaleur douce du lieu. Elle se surprit à se demander comment le moteur pouvait être à ce point silencieux. Généralement, les créatures mécaniques que réparaient son père émettaient toujours au minimum un cliquetis et des grincements de rouages. Plus la machine était imposante plus le bruit augmentait. Hors, ici, la machinerie était plus qu’imposante mais le bruit absent.

    Mais Venesiaa n’ayant qu’un intérêt limité pour ce genre de chose, ces pensées dérivèrent bien vite vers son père. Elle se rappelait les soirées où, penché sur ces drôles de bestioles, il ne disait rien, écoutant, comme son enfant, les histoires contées par la voix douce de la mère. La journée, son père n’avait pas vraiment le temps pour elle, ces soirées étaient des moments doux pour la famille qui se réunissait.

    La jeune femme retombait en enfance et revenait en pensée à Esaedto. Cette île flottante isolée de tout était considérée comme la plus grande réserve naturelle de tous les temps. Dans cet espace les espèces anciennes avaient été préservées. Mais surtout cette île était l’asile des Valenn, son peuple. Être humain génétiquement modifié, ils avaient dû fuir le monde des hommes pour s'exiler au loin. C’est grâce à eux que les anciennes espèces avaient survécu. Mais en arrivant sur l’île au climat tempéré, seuls les animaux issus de ce continent avaient pu rester en vie.

    Un sourire naquit sur les lèvres de Venesiaa, on lui avait raconté que dans l’ancien continent, les anciennes espèces craignaient les hommes et ne les côtoyaient guère. Ici, les rapports étaient paisibles entre animaux et Valenns. On ne cherchait pas à s’approprier l’autre, on vivait côte à côte. Bien sûr, tout n’était pas rose, mais elle se souvenait de ce monde avec douceur et paix. Elle voyait ce pays comme un asile.

    Elle se sentait flotter et dériver dans les airs et un doute certain finit par l’habiter. Était ce une illusion ou le bateau avait levé l’ancre ? Sortant complètement du sommeil dans lequel elle avait glissé sans s’en rendre compte. Combien de temps avait-elle dormi ? Un vent de panique naquit en elle. Pourquoi Nef n’était-il pas venu la chercher pour la faire descendre. Qu’étaient devenu ses affaires? On allait la découvrir. Devait-elle sortir de là pour se rendre ?

    Soudain, un bruit de porte lui indiqua que quelqu’un entrait dans la pièce. Elle faillit s’extraire de dessous les planches pour aller voir si c’était Nef. Mais se rappelant que sa présence ne n’était pas si désirée que cela, elle se tint coi. La panique la tiraillait. C’était des pirates, des hommes presque sans foi ni loi. Elle s’enfonça un peu plus le ventre noué.

     

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    Pendant ce temps, Fenrir, après avoir rencontré Nef et Grey en sortant de l’infirmerie, descendait l’escalier qui lui permettrait de rejoindre son antre sale. Les yeux encore bien rouges et le nez qui coulait peut-être un peu, elle n’avait qu’une envie, se poser sur son parquet, penser à autre chose et prier pour que les deux jeunes hommes n’aient rien vu.

    Reniflant d’un manière fort peu élégante, la mécano’ poussa la porte de son chez elle et jeta un œil sur son domaine. Sur ses murs et ses tuyaux. Fermant la porte derrière elle, elle se frotta les yeux pour chasser les dernières larmes, prit une grande inspiration et dit d’une voix forte comme pour se réveiller:

    «Et bien ma grande, plus jamais tu me fais ça ! Le ridicule incarné hein ? Et en plus tu t’es faite griller comme un bleu. Marin d’eau douce, va.» 

    Puis Fenrir eut un soupir… La soirée avait été haute en couleurs.

    Avisant son plancher et toutes les pièces qui traînaient là, la pirate eut un petit sourire. Il fallait quand même qu’elle range tout ça. S’asseyant en tailleur devant le petit tas d’or et reniflant une dernière fois, elle commença à, enfin, compter son butin.

    Venesiaa, tapie dans sur son lit de tuyaux, avait entendu l’entrée fracassante de la mécano'. Elle crut que c’était Nef qui venait la chercher pour la sortir de là et voulut se redresser mais se faisant, elle glissa et sa main heurta un tuyau qui émit un bruit sourd.

    Fenrir releva prestement la tête. Une main apparut dans son champ de vision et Venesiaa émergea de dessous le parquet, les yeux encore un peu ensommeillés. Elle articula : “Nef ?” C’est alors qu’elle croisa le regard de Fenrir. La panique apparut immédiatement dans ces yeux.

    La mécano’ eut un moment d’arrêt en avisant la jeune fille cornue qui venait d’apparaître dans sa salle des machines. Elle ne put s’empêcher de demander sèchement, les sourcils froncés :

    «Qui es tu ?»

    Sans sortir de sous les planches, à peine redressée, Venesiaa articula timidement :

    «Je crois que je suis une passagère clandestine...»

    Elle n’osait plus rien dire et le rouge lui montait aux joues. Fenrir tiqua et fut prise d’une petite vague de panique :

    «Depuis quand tu es là ?»

    La dernière chose dont la mécano avait besoin, c’était que quelqu’un soit au courant de ce qu’il s’était passé dans cette salle quelques minutes auparavant.

    «Je ne sais pas… Je suis montée avec…» Elle se reprit immédiatement. «Au moment où le bal avait lieu et je me suis cachée là…»

     

    Elle ne savait plus quoi dire, plus quoi faire. La figure de Fenrir la faisait frémir d’angoisse. Et si cette dernière inspirait la peur, la mécano était intérieurement terrifiée à l’idée qu’on ait put l’entendre pleurer. Et pour cacher tout ça, la Pirate misa tout sur la colère :

    «Avec qui ? Avec qui est ce que tu es montée ?» 

    Venesiaa frémit à nouveau. Que pouvait-elle faire ? Elle se voyait mal mettre Nef dans la panade… Après tout, il ne lui avait rien fait et il avait, plus ou moins consciemment, réalisé son souhait. Mais elle serait montée en douce que le résultat aurait été le même. Elle resta muette, baissant le regard. Son esprit hésita longuement, mais face à la colère de la mécanicienne, son instinct prit le dessus.

    «Un jeune homme !" cria-t-elle presque. "Il a mis de la musique et on a dansé. C’est tout.» 

    La réponse prit Fenrir de court, très court. Un jeune homme ? Intérieurement, la mécano’ se mit à faire le compte : Dairiun, Kasai, Nef, Shadow, Crowley, Carter, Lucky et Grey … Mais il n’y avait que de ça, des jeunes hommes !

    Se massant l’arrête du nez, elle dit :

    «Admettons… alors pourquoi tu n’es pas directement redescendue après avoir dansé ?

    - Quelqu’un est arrivé et il a prit peur… Il m’a dit de me cacher dans le navire. Je pensais que c’était lui qui venait me chercher.»

    Au sens de Fenrir, cette conversation pleine d’inconnus était bien difficile à suivre. Qui était qui ? Elle n’en savait rien. Est ce qu’elle voulait le savoir ? Elle-même n’en était plus sûre. Au point où elle en était, elle choisit de mettre les pieds dans le plat :

    «Qu’as-tu entendu pendant que tu te planquais ici ?»

    Que pouvait bien répondre Venesiaa à ça ? Avec prudence et en choisissant bien ces mots, elle expliqua qu’elle s’était endormie bercée par la chaleur du lieu. Elle ne s’était réveillée que quand Fenrir était entrée en se sermonnant à propos de grillade bleue. Cette dernière regarda l’intruse avec étonnement, un sourcil levé :

    «Grillade Bleue ?

    - Je ne sais pas… Vous ne parliez pas distinctement et je m’éveillais à peine. Ce sont seulement des mots que j’ai captés.»

    Venesiaa allait finir par s’énerver. Ce n’était pas de sa faute après tout. Elle avait juste… Juste suivi un inconnu… Elle se serait donnée des baffes. Son cœur commença à se serrer tandis qu’elle cherchait à sauver sa vie. Fenrir soupira. Que faire maintenant ? La colère s’était écrasée au profit d’une certaine lassitude. La cornue ne savait que faire quant à elle. Elle finit par s’extraire de sous les planches et se trouva assise sur le plancher devant la femme. Elle n’était pas sûre d’avoir envie de se lever. Finalement, elle finit par se dire que c’était peut être une bonne idée. Elle commença à se relever lorsque le bateau tangua et la déséquilibra. Elle s'emmêla les pinceaux et se retrouva dans les bras de l’inconnue, en lui donnant au passage un coup de cornes dans la joue. Cela n’allait vraiment pas arranger son affaire. L’agressée ferma les yeux et inspira profondément, il fallait qu’elle se calme. Il le fallait mais pourtant elle craqua, ses sourcils se froncèrent et ses doigts se refermèrent sur l'appendice étrange de son interlocutrice. C’en était trop !

    «Tu vas vite prier pour qu’on ne soit pas trop loin du port, que je puisse te balancer par dessus bord !»

     

    Suite

     


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