• Le temps d'un bal - Partie 2

    Nef & Venesiaa Le temps d'un bal - Partie 1

    Toujours à la recherche de son amie, Venesiaa se déplaçait lentement dans la salle. Elle sentait le regard des hommes se poser sur elle et un malaise croissant l’habitait. Elle finit par retrouver cette dernière au moment où un jeune homme plutôt élégant faisait une annonce au micro.

    «Bonsoir gentes Dames et Messieurs, je me présente Nef de l'Elian, grâce à la bonté d'âme de notre hôte que je vous demande d'applaudir chaleureusement, j'ai l'honneur de vous interpréter une valse écrite par moi-même.»

    Venesiaa rit un peu, avec complicité, de cet homme si bien habillé mais aux manières presque trop distinguées. Elle voyait en lui la même imposture qu’elle occupait à cet instant. Se tournant vers Elisa, elle lui chuchota à l’oreille :

    «L’Elian est bien ce fabuleux trois mâts qui flotte au dessus de cette salle ?»

    Elle n’avait encore jamais vu si beau navire et sa curiosité était excitée devant cette envie de découvrir comment il était arrangé. Intérieurement, elle se mit à espérer qu’une visite officielle serait organisée, mais Elisa refroidit bien vite ces ardeurs :

    «Oui, c’est lui, mais nous avons interdictions de monter à bord. Il faut dire qu’il n’y a qu’une corde pour accéder à l’édifice…»

    Elle comprit que pour la véritable lady, cette corde était la meilleure protection dont disposait l’Elian. Elle finit par se dire qu’avec un peu de chance, elle pourrait atteindre le bateau, mais la musique attira soudainement son attention. L’homme jouait divinement bien et elle voyait les danseurs enchaînaient les pas avec une aisance que la musique semblait leur conférer. Elle même sentit l’envie de danser grandir en elle comme jamais. Elle se mettait à regretter un partenaire lorsqu’elle s’aperçut que tout le monde avait cessé de danser. Au centre de la salle, un couple virevoltait, merveilleux, irréel. Venesiaa sentit la nostalgie s'emparait d’elle repensant à l’époque où la danse menait sa vie.

    Elle savoura le spectacle plus que n’importe qui dans la salle, admirant la perfection des pas, le rythme parfaitement ajusté de la valse, la fusion des deux corps. L’homme menait sa cavalière d’une main de maître et ils enchaînaient les pas de manière presque acrobatique, donnant à cette valse une force nouvelle. La musique cessa peu à peu et les danseurs se retrouvèrent dos à dos, quelque peu essoufflés. Venesiaa, comme toute la salle, applaudit à tout rompre.

    Puis, sous la demande virulente, la musique reprit et de nombreux danseurs envahirent à nouveau la piste. Peu de temps après, Elisa fût galamment invitée et jetant un regard désolé à son amie, elle hésita. Venesiaa la rassura d’un simple regard et rayonnante elle s’en fût danser au bras du beau jeune homme. Se retrouvant en tête à tête avec son ombrelle, elle posa machinalement son verre sur un plateau qu’un serveur promenait dans la salle, le remerciant du regard.

    Elle se sentait seule et en dehors de tout cela. Les hommes la regardaient mais ces cornes semblaient dissuader tout individu de l’approcher. Elle voguait dans un autre espace, un autre temps mais habituée à cela, elle sortit sur le balcon. De nombreuses personnes se trouvaient là, il faut dire que la vue était superbe. On voyait parfaitement l’Elian sans avoir à se tordre le cou pour l’observer. Venesiaa s’avançait, les yeux perdus sur la merveille de technologie qui se trouvait en face d’elle. Elle se fraya un chemin vers la rambarde et y posa une fesse, posture de l’amazone si poétique pour de nombreuses personnes, mais si pratique pour elle.

    Le temps d'un bal - Partie 2

    Ne pouvant s’en empêcher, la demoiselle s’imagina grimpant à la corde qui menait au bateau. Elle se reprit. Il était hors de question qu’elle cause encore du soucis à qui que ce soit. Au loin, la musique de l’inconnu berçait ses pensées. Elle finit après de longues minutes par revenir prés du buffet. Comme disait sa tante : “Il fait soif !”. Elle sourit un peu à cette pensée. Elle récupéra un verre de vin blanc et doux et se figea. Du coin de l’oeil, elle apercevait le gentleman qu’elle avait percuté quelques temps plutôt. Elle se déplaça immédiatement, se glissant derrière un groupe qui faisait barrage entre lui et elle. Pourtant, elle ne put s'empêcher de le regarder furtivement.  

    L’homme avait bel et bien un éclat blanc dans l’oeil gauche. Elle soupira un peu, il ne l’avait sûrement pas vu étant arrivée sur sa gauche. De plus sa conversation avec un homme devait lui prendre du temps et de l’attention. Elle se surprit à le trouver séduisant et à l’admirer. Ses longs cheveux couvraient ses épaules, mais une épingle en retenait la partie qui devait habituellement lui tomber dans les yeux. Elle rougit en s’imaginant dans ses bras et se retourna précipitamment.

    Un doute assaillis soudain son esprit. Pour revenir au buffet, reposer ce fichu verre et s’enfuir, elle se trouvait dans l’obligation de passer en terrain découvert. Pour une raison qu’elle ignorait, elle ne voulait absolument pas être vu. Elle chercha désespérément un autre chemin mais dut se résoudre. Il n’existait pas. Elle respira un grand coup, et cherchant à être le plus digne possible, elle se dirigea vers le buffet et posa son verre.

    Soudain la silhouette d’Elisa se dessina un peu plus loin. N’hésitant pas une seconde, elle se dirigea rapidement vers elle, se sentant un peu ridicule. Elle fixait si intensément son but qu’elle ne vit absolument pas l’homme qui arrivait sur sa droite. Elle le percuta de plein fouet, gardant son équilibre et se retenant à son épaule et en plantant férocement son ombrelle dans ce qu’elle espérait être le sol. Au loin, elle vit qu’Elisa avait suivi la scène et lui lança un regard désespéré. Elle répondit par un sourire complice et ne fit rien pour intervenir. Elle la maudit intérieurement et revint à l’homme. C’était l’inconnu du piano. Elle sentit la honte envahir ses joues et détourna brusquement la tête, ne pouvant soutenir son regard. Elle fit un pas en arrière, lâchant précipitamment l’épaule de l’inconnu.

    «Je suis désolée.», articula-t-elle très vite, les yeux fixés sur l’épaule droite de l’homme.

     

    «Il n’y a pas de quoi, hum… La sortie, est par là.», dit-il en lui prenant le bras et en se précipitant par la grande porte. Une fois dehors, il barricada la porte avec une planche qu’il plaça en travers des portes. Venesiaa regarda une dernière fois Elisa avant que les portes se referment à quelques centimètres de son nez. Elle apostropha de nouveau l’homme choisissant de rire de la situation :

    «Eh bien, monsieur, votre manière d’inviter une femme à danser est fort peu courtoise.» dit elle posant une main sur ces hanches, l’autre tenant fermement son ombrelle.

    «Veuillez m’excuser très chère… Vous sembliez pressée de sortir tout comme moi» bafouilla Nef un peu gêné.

    «Mais si vous tenez à danser, je peux vous emmener dans un lieu parfaitement magique.»

    Venesiaa en fut un peu surprise du fait qu’il rentrait dans son jeu. Elle décida d’accepter sa proposition, tant qu’il l’emmenait loin d’ici.
    «J’espère que vous savez montez à la corde très chère, car il n’y a pas d’autre moyen d’aller sur ce lieu.»

    Venesiaa était intriguée. Où pouvait bien l’emmener l’inconnu ? Elle finit par sourire et lui répondit :

    «Je pense que cela doit être dans mes cordes. Au fait, je m’appelle Venesiaa. A qui ai-je l’honneur ?»

    Demander le prénom de quelqu’un était tout de même la moindre des politesses, et ça évitait l’effet “stalker”, bien qu’un peu redondant. Nef fut content qu’elle ne sache pas qui il était, ça voulait dire qu’elle ne savait pas que c’était lui qui avait jouer plus tôt dans la soirée, enfin c’est ce qu’il espérait.

    «Je m’appelle Nef et je fais parti de l’Elian, ce trois mâts qu’il y a juste au dessus de nous. Je vous invite à bord, vous verrez la vue est merveilleuse. A vous l’honneur, chère Venesiaa.» dit-il en lui présentant la corde.

    Venesiaa fût soudain prise d’un doute : la robe c’était pratique pour ce genre de chose ? La réponse était évidemment non. Elle évalua d’un regard la distance qu’il lui faudrait parcourir. Environ cinq mètres soit un effort qui sans être conséquent nécessiterait une liberté des mains non négligeables. Elle fit passer l’ombrelle dans son dos la calant dans son soutien gorge improvisé, attrapa la corde et lâcha un :

    «Ça va pas être de la tarte.»

    Puis, coinçant celle ci au bout de ces genoux et y entortillant ces pieds, elle commença à s’élever avec plus ou moins d’aisance, l’ombrelle perturbant l’ascension.

     

    Pendant ce temps, Nef admirait le château dans lequel il avait fait danser les personnes les plus importantes de la ville. Il n’en revenait toujours pas. Il laissa ses pensés l’emmener où elles voulaient mais se réveilla lorsqu’il se rendit compte qu’il venait d’inviter une inconnue sur leur bateau, Fenrir allait le tuer si elle l’apprenait. Tant pis, il prenait le risque, cette jeune femme l’intriguait avec ses cornes. Il n’osait pas lui poser la question car il s’imaginait qu’on lui en posait tout le temps. Nef sorti sa montre à gousset pour voir l’heure. Cela faisait cinq minutes qu’elle s’était lancée dans l’ascension, Nef espéra qu’elle était arrivée. Il se retourna et vit que la voie était libre. Il saisit la corde a son tour et grimpa plus aisément. Il arriva très vite en haut.

    «Hum… Alors Venesiaa, vous vouliez danser si je me souviens bien ?»

    Elle était effectivement arrivée dans le bateau et postée en son centre, elle tournait sur elle même admirant, voilures, haubans, canons et rambardes. Un sourit béat annonçait son état d’admiration. Elle ne s’était même pas rendu compte que l’homme qui l’accompagnait était monté à son tour sur le bateau. S’approchant de la rambarde à tribord, elle s’y accouda regardant la ville depuis un point de vue inimaginable. Elle n’entendit même pas Nef qui cherchait à entrer en communication avec elle. Elle finit par lever la tête et se laissa engloutir par le ciel, l’espace et le temps. Il décida de lui prendre la main délicatement pour la sortir de sa contemplation.

    «Voulez vous danser sur le pont ou à l’intérieur car il commence à faire un peu frais et je ne voudrais pas que vous attrapiez froid ?»

    Elle s‘extirpa de ses pensées et planta de nouveau son regard dans le sien :

    «Oui avec plaisir. Je préférerais si possible rester sous la lumière des étoiles.» Se rappelant soudainement du cours de la soirée, elle demanda : «Mais comment allons nous faire sans musique ?»

    Pour la musique, Nef savait comment faire.

    «Ce sera avec grand plaisir, dans ce cas j’ai besoin d’un instrument particulier qu’il va falloir que j’aille chercher dans mon bureau. Voulez vous visiter le bateau ou profiter encore de la vue ?»

    Le temps d'un bal - Partie 2

    Venesiaa décida qu’elle profiterait de la vue et vit Nef s’éloigner vers une porte qui semblait mener dans les entrailles du bateau. Elle repartit vers la rambarde mais en passant près du mât principal, elle vit l’échelle de cordes qui menait vers les voiles. Un coup d’oeil à droite, un coup d’oeil à gauche et la demoiselle se propulsa vers les haubans, abandonnant ombrelle et chaussures au pied de son mur d’escalade. Arrivée presque au sommet du mât, elle posa un orteil sur une barre de flèches et entreprit de se promener dessus sans s'emmêler dans les bouts qui se promenaient ça et là.

    Pendant ce temps, Nef courrait jusqu’à son bureau pour récupérer un vieux phonographe avec un disque qu’il avait enregistré. Lorsqu’il remonta sur le pont, il posa le tout près du mât central. Il chercha également son invité qui avait disparu. Il ne restait que ses chaussures et son ombrelle. Était-elle partie ? Non pas sans ses affaires auxquelles elle avait l’air de tenir.

    «Venesiaa ? Où êtes-vous passée ?»

    Elle l’entendit et se penchant vers le sol, elle éleva la voix et cria : «Ici !»

    Il leva la tête et la vit en train de se balader dans les haubans. Merde ! Si un des membres de l’équipage la voyait, c’était clair qu’il était mort, entre Shadow, Fenrir, Kasai, il avait encore une chance de s’en sortir s’ils n'étaient pas encore partis de la fête. Comment allait-il pouvoir la faire descendre de là sans la brusquer ?

    Il prit la décision d’allumer le phonographe en espérant que la musique lui rappellerait qu’ils avaient une danse à faire. Et son vœux ne fût qu’à moitié exhaussé. Elle entendit la musique, oui, cela ne faisait aucun doute puisqu’elle dansait mais toujours sur cette barre de flèche. Pliant, croisant, virevoltant, elle liait ses passes d’harmonieux mouvements de bras. Nef l’admirait en train de se déplacer sans peine au milieux de toutes ces cordes. Lorsqu’elle glissa, il prit un peu peur et se déplaça de sorte à pouvoir la rattraper au besoin.

    Elle s’accrocha in extremis à l’étal : le hauban reliant le haut du mât à la proue. Elle glissa le long du filin et se laissa tomber au pied de Nef.

    «Pardonnez moi si je vous ai fait peur, mais la tentation était trop grande.»

    «Ce n’est pas grave» mentit-il. Il lui prit à nouveau la main puis commença à l'entraîner dans une valse. Le contexte était hors du temps, une valse au clair de lune au beau milieu d’un trois mât. Une vrai scène de conte de fée. Nef eut l’impression que le temps c’était figé. Venesiaa, elle, se laissait aller au bras de son cavalier. Il menait la danse et elle s’abandonnait à celle-ci. La musique de Bach semblait couler en elle et elle s'enivrait de la valse comme chaque fois qu’elle en dansait une. Son cavalier était doué et les trois minutes passèrent bien trop vite lorsqu’un bruit interrompit la danse.


    «Merde ! Quelqu’un est en train de monter ! Vite va te cacher quelque part sur le bateau, peu importe où tant que personne ne te vois, sinon ça va mal finir. Je dois t’avouer que nous ne sommes pas des mercenaires mais nous sommes des pirates de l’air. J’espère que nous nous reverrons un jour, j’aimerai en apprendre plus sur toi.»

    Nef se précipita ensuite vers la corde pour voir qui pouvait bien l'interrompre et surtout pour s’assurer que ce n’était personne susceptible de tuer Venesiaa. Il fut un peu rassurer en voyant que c’était Grey qui remontait mais il avait une tête bizarre, comme s’il était malade ou perturbé. Il allait avoir une discussion avec lui.

    La demoiselle avait pris la fuite en direction de la porte par laquelle il était allé chercher son faiseur de musique. Elle avait fini par ouvrir la porte d’une pièce qui semblait isolée et dans cette dernière découvrant un enchevêtrement de tuyaux, c’était cachée derrière. Pourtant, il lui restait un problème insoluble à régler : Elle était censée sortir quand ?

    Venesiaa : suite

    Nef : suite


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